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Commentaire de Lucien Denfer

sur Tariq Ramadan, semeur d'islamophobie


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Lucien Denfer Lucien Denfer 3 mai 2010 11:56

Pour éclairer la lanterne des personnes de bonne foi qui viendraient à lire vos élucubrations, il convient de les replacer dans le contexte de votre mouvance politique.

Les ennemis de mes ennemis ne sont pas toujours mes amis...

« En finir avec la dictature de Bouteflika »

Des dissidents exilés en Europe, notamment en Suisse, se fédèrent pour tenter de renverser le régime en place à Alger. Parmi eux, d’anciens islamistes radicaux poursuivis par la justice de leur pays.

Enquête.

Al-Rachad, « Le bon sens », mouvement politique fondé par des Algériens réfugiés en Suisse, au Royaume-Uni et en Allemagne, a été lancé le 18 avril depuis Londres. Le groupuscule veut renverser le président Abdelaziz Bouteflika et son régime. Pour parvenir à ses fins, il drague aussi bien des sympathisants islamistes (MSP, ex-Hamas algérien) que des membres du FLN (ex-parti unique) ou du FFS (socialiste). Et il s’adresse tant à la diaspora qui a jeté l’ancre en Europe qu’aux résidents cantonnés en Algérie.

Le mouvement - et non le parti - aspire à un « Etat de droit et à la bonne gouvernance », et propose « au peuple algérien une alternative pour un changement radical du système politique ». Trois des cinq membres fondateurs vivent en Suisse : Abbas Aroua enseigne à la Faculté de médecine de Lausanne ; Mourad Dhina est un ancien collaborateur du CERN et de l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich ; Rachid Mesli travaille pour l’organisation arabe des droits de l’homme Al-Karama à Genève.

Leur charte dénonce « la façade civile » d’un gouvernement contrôlé par « l’oligarchie militaire » et fustige la dislocation sociale et la crise économique qui gangrènent l’Algérie. Les dissidents récusent la « dictature de Bouteflika » : le parlement est réduit à « une simple chambre d’enregistrement », et les institutions sont « asservies » à la Direction des renseignements et de la sécurité (DRS), service de l’armée nationale et colonne vertébrale du pouvoir.

Ces accusations virulentes se nourrissent de la réalité d’un pays en faillite : malgré des ressources naturelles extrêmement riches (50 milliards de dollars issus du seul pétrole dans les caisses de l’Etat en 2006), le taux de chômage est écrasant et plus de 40% des femmes sont encore analphabètes. Ces chiffres incarnent la paupérisation d’un peuple assommé par une décennie de violences : 150000 morts, 2 millions de déplacés et 20000 « disparus forcés ».

Les ingrédients sont donc réunis pour battre le rappel des troupes. En deux mois d’existence, Al-Rachad affirme être fort d’un millier d’adhérents algériens, et d’une bonne poignée d’exilés de l’intelligentsia. Le mouvement politique mijote « une action civique symbolique », où il orchestrerait des grèves massives qui paralyseraient le pays et contraindraient le pouvoir à composer avec ses revendications. Voire à « abdiquer ».

Pourtant, derrière « ces voies non violentes » que Rachad prône, se cache un passé lourd d’activisme islamiste. Mourad Dhina est en effet une figure de proue des fondamentalistes algériens. Après la dissolution et l’interdiction du Front islamique du salut (FIS) en 1992, il se réfugie à Saint-Genis-Pouilly, aux portes de Genève dans l’Ain. Deux ans plus tard, il est soupçonné de trafic d’armes par la France. Il prend alors la poudre d’escampette en Suisse où sa demande d’asile est rejetée à deux reprises. Entre 2002 et 2004, il devient néanmoins responsable du bureau exécutif du FIS à l’étranger. Depuis 1995, il est ainsi toléré sur le territoire helvétique, grâce à une admission provisoire qui s’éternise. Privé de passeport par les autorités algériennes, il est condamné à arpenter les 26 cantons. Lui, sa femme, et ses six enfants, dont cinq sont nés ici.

Dans un français irréprochable, l’ex-leader par intérim se défend de relayer tout discours propagandiste. Mais il confesse volontiers entretenir des liens « quasi permanents » avec le leader historique du FIS, Abassi Madani, et son bras droit Ali Belhadj, qui ont croupi douze ans dans les geôles algériennes et ont toujours refusé de condamner les activités armées du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), devenu Al-Qaida Maghreb.

Quelle influence s’apprête à exercer Al-Rachad, et en tirant quelles ficelles ? Une plateforme euro-atlantique chargée de surveiller les cellules islamistes dormantes ayant une vitrine sur Internet garde un œil attentif sur le mouvement. Pas de commentaire du côté de l’ambassadeur algérien à Berne, qui réclame néanmoins ponctuellement à la Confédération l’extradition de Mourad Dhina, condamné par contumace à 20 ans de réclusion criminelle. Quant à la Police fédérale, elle explique laconiquement : « Le groupement d’opposition politique est connu de nos services (ndlr : Service analyse et prévention de lutte contre le terrorisme), mais pour l’instant, on ne décèle aucun lien avec des actes extrémistes violents. »

En attendant, la campagne de recrutement bat son plein et Al-Rachad envisage de se doter de sa propre chaîne télévisée. Directeur du Centre d’études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen (Cermam) à Genève, l’Algérien Hasni Abidi souligne : « C’est la première fois que des islamistes influents s’ouvrent autant. C’est bon pour leur image. C’est donc un moyen de recruter le plus possible. » A Londres, Mohamed Larbi Zitout, pilote du projet d’Al-Rachad, résume sans détour son objectif : « Nous pensons organiser une sorte d’Intifada, de manifestation nationale [...]. Il y aura toujours un prix à payer. L’Algérie, ce n’est pas la Géorgie, on ne peut pas réussir une révolution qu’avec des fleurs. »

Le Temps.Ch

Marion Moussadek – Mardi 26 juin 2007


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