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Commentaire de dana hilliot

sur Rétrospective sur l'échec du RMI


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dana hilliot dana hilliot 20 décembre 2006 12:36

cher zerth,

vous écrivez :

=>Financièrement, une famille RMiste qui bénéficie donc d’aides parallèles (réduction dans les transports, aide au logement, réduction pour les loisirs) s’en sort beaucoup mieux avec le revenu minimum qu’avec le revenu d’un travail rémunéré faiblement.

Sur quoi vous fondez vous pour affirmer cela ? C’est une espèce de bateau en ce moment dans l’opinion qui à ma connaissance ne repose sur aucune donnée fiable.

Sinon, votre brève histoire de la genèse du RMI français est vraiment bien faite. Merci pour ce rappel.

Je reviens toutefois sur le dilemne assistance/insertion. Les choses ne sont pas si tranchées. Je vous parle là en tant qu’ex-rmiste. Quand on prétend au rmi, on signe un contrat qui n’est pas forcément un contrat de retour à l’emploi. Disons que le I de insertion en est venu à signifier des choses plus large que le simle retour à l’emploi (comme vous le dites, souvent précaire et mal rémunéré).

On peut par exemple bénéficier du rmi pour des raisons de santé : d’inemployabilité. Cette notion d’inemployabilité prend en compte le fait que certaines personnes, à certains moments de leur histoire, ne sont pas en mesure de se consacrer à un travail salarié. Elles ne sont pas pour autant considérées comme handicapées (au sens où une invalidité serait prise en charge par la cotorep), mais leur vulnérabilité rend la perspective d’un retour à l’emploi dangereuse pour la santé de l’individu. Le RMI existe alors dans ce cas pour permettre à la personne de ne pas couler complètement, de se maintenir tant bien que mal. (éviter par exemple de se retrouver sans toit).

Les contrats d’insertion proprement dit voient leur efficacité mises en péril par la situatin du marché du travail du’ne part, et les ressources propres de la personne d’autre part. On trouve environ un tiers de rmistes qui constituent ce que certains économistes considèrent comme des personnes qui de toutes façons demeureraient inemployables même en situation de plein emploi. (en Angleterre par exemple, ces personnes sont considérées comme handicapéses et n’entrent pas dans les statistiques du chomage).

Les deux tiers restants.. Beaucoup d’accidentés de la vie si je puis dire. Des gens qui ont perdu leur époux/épouses, se sont retrouvés isolés, on tperdu leur emploi etc.. Tout le mode connaît je crois dans so entourage des exemples de ces cycles de désocialisation , accompagnés généralement de phases dépressives etc.. Pas mal de diplomés aussi - qui n’étaient sans doute suffisamment pas « guerriers » pour réussir sur un marché du travail qui s’apprente parfois à un champ de bataille (il ne suffit pas d’avoir un diplome pour réussir professionnellement, parfois il faut aussi être un « battant » - or, il y a des gens qui ne sont pas des battants, ils ont d’autres qualités peut-être mais pas celle là. Moi par exemple :)

Globalement je dirais que le rmi concerne surtout des personnes qui n’ont pas la tournure d’esprit pour réussir dans ce monde là, parce qu’il ne croit pas suffisamment à la réussite sociale, parce qu’ils ont parfois d’autres aspirations. L’existence du rmi nous renvoie aussi à mon avis au caractère univoque et tyrannique de notre modèle de réussite sociale. Et notre incapacité relative à faire une place décente à tous ceux qui ne sauraient s’épanouir dans un tel modèle.

Enfin, je crois qu’il faut arrêter de délirer sur le bonheur qu’il y aurait à être au rmi. Je ne nie pas qu’ily ait une grande diversité de situation (il y a ne toute minorité de gens qui effectivement ont une attitude perverse vis-à-vis du rmi, et bien souvent il y a papa et maman derrière qui financent, et donc ils ne sont pas vraiment au rmi.)

Mais majoritairement, le rmi c’est quand même une grosse galère. Le moindre centime devient vital. Il faut adopter un certain ascétisme (les rmistes sont souvent des décroissants qui s’ignorent. C’est pourquoi je suis assez énervé par le mouvement de la décroissance : c’est plus facile et gratifiant de devenir pauvre quand on a des sous, que lorsque de toutes façons, on n’a rien..)

Et c’est surtout le désespoir : parce que sortir du rmi, je peux vous dire, c’est la croix et la bannière. Seul, on n’y arrive pas. la volonté ne suffit pas. Moi, j’ai eu la chance de rencontrer des travailleurs sociaux bienveillants et efficaces (peut-être parce que je vis dans un coin perdu et qu’ils sont moins sous pression que dans les zones urbaines) et d’amis, de proches, solidaires et patients. Parce qu’il faut du temps.

Bref, le rmi, ça ne fait pas tout, mais ça laisse une chance de se maintenir à flots quelques temps, si on a la chance de ne pas être absolument seul. C’est peut-être le pue qui reste de solidarité instituée dans ce pays. Il faut le revoir, le modifier, certainement ( par exemple il n’est pas normal qu’un pays comme la France institue au travers du montant du rmi la pauvreté : je rappelle que le rmi est en dessous du seuil de pauvreté tel que défini par les instances européennes et l’INSEE. ). Mais je crois que ceux qui stigmatisent les rmistes le font dans la mesure où ils s’imaginent ne pas pourvoir devenir eux-mêmes un jour des rmistes. Tant mieux pour eux s’ils le croient. Moi je ne suis pas sûr que quiconque soient à l’abri des accidents de la vie.

Merci pour votre texte en tous cas.


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