Article intéressant, mais il aurait été encore plus pertinent de résumer la conception du racisme de Pap N’Diaye (historien et chercheur à l’EHESS) publiée dans le même Libé (18.12.06). Je me permet de reprendre les extraits les plus intéressants.
« Les stéréotypes raciaux décrivent deux figures de Noirs. Le plus fréquent est la figure de ’tirailleur’, qui les présente comme de grands enfants rieurs, joyeux, pas malins mais sympathiques, d’une intelligence faible, mais forts physiquement, bons soldats à condition d’être bien commandés, résistants, type ’Y a bon Banania’. C’est un racisme bonnasse, condescendant, pas haineux. On trouve très souvent ce ’répertoire du tirailleur’ à forte tonalité paternaliste, par exemple dans les propos de George Frêche déplorant que l’équipe nationale soit composée de ’neuf blacks sur onze’ joueurs. Cette conception est fondée sur les stéréotypes du sport de haut niveau : la vigueur, la puissance physique, des qualités également prêtées aux esclaves et aux tirailleurs sénégalais. »
« L’autre figure racialisée du Noir est celle du ’sauvage’ violent, incontrôlable, hors civilisation, d’une sexualité débridée. Ce stéréotype est réapparu lors de la crise des banlieues ou lorsque des jeunes casseurs noirs ont commis des agressions dans les cortèges et les manifestations anti-CPE. On le retrouve aux Etats-Unis, où ont cours des discours racistes sur les dysfonctionnements familiaux chez les Noirs, au sujet des familles monoparentales. L’académicienne Hélène Carrère d’Encausse a ainsi mis en cause la ’polygamie’ des familles africaines. Ces répertoires racialisés sont hérités de la période coloniale et font preuve d’une remarquable résistance. La fin de l’esclavage puis de la colonisation n’a pas chassé les stéréotypes raciaux. Mêmes si ils s’expriment différemment de nos jours sous une forme plus atténuée, ils semblent insubmersibles. »
Quand au racisme anti-blanc, je le vois comme une sorte de mécanisme de défense. Personne ne nie cette existence de racisme. Mais ceux qui la mettent particulièrement en avant réduisent de manière volontaire ou non le racisme, beaucoup plus présent et beaucoup plus nocif, envers les minorités ethniques.