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Commentaire de L’enfoiré

sur Le droit à la lenteur


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L'enfoiré L’enfoiré 10 juin 2010 10:07

Juste un coup de frein
Vous ne parvenez pas à vous endormir. Vous vous retournez et retournez encore, dans ce putain de lit, rien ne se passe et le sommeil ne vient pas. Vous pensez à tout ce qui ne va pas. Aux problèmes qui ne font que défiler dans votre mémoire. Le mot « crise » ponctue quelques phrases au hasard.
Vous vous énervez et pourtant c’est le moment de vous rendre compte que le temps existe vraiment et qu’il peut être long. Écouter s’égrener les secondes à l’horloge vous donne enfin l’impression et la conscience qu’il existe autre chose que la vie trépidante. Au plafond, le faisceau de l’horloge projette l’heure et les minutes.
- Alors, c’est quand que tu vas passer à la minute suivante ? Quelle idée d’avoir acheté ce compteur de temps qui n’a que les heures et les minutes à bord. Avec les secondes en plus, on aurait pu croire qu’il vit encore.
Comptez les moutons qu’ils disaient. Ils ne savent pas que cela oblige rester éveiller pour n’en passer aucun.
Cette pensée de l’existence du temps vous permet de rêver au passé tout proche, aux bons et mauvais moments de la journée écoulée. Rendre en fait le temps au temps. La nuit est conseillère, espérons qu’à votre réveil, il en restera quelque chose.
Insensiblement, insidieusement, vous ne pensez plus à cette horloge de malheur.
Un déclic, une inattention et Morphée reprend ses droits.

Pourtant, au matin, la routine reprend le dessus, avec ses obligations stressantes.
Par habitude, vous voulez dépasser la voiture qui vous précède dans la file et qui vous semble se traîner lamentablement (il a peut-être lu cet article avant vous).
Un conseil ? Restez bien sagement derrière lui et regardez à gauche et à droite. La nature vous a probablement échappé jusqu’ici, les choses ont changé sans que vous en ayez pris conscience. Un coup de frein s’impose très vite de peur de rater la marche décisive.

Au bureau, prenez le temps de planifier votre travail. Réservez-vous des temps de vie (non des temps morts, quelle drôle d’idée) pour espacer vos actions journalières.
Votre patron vous relance et vous replonge dans le stress habituel. Qu’à cela ne tienne, restez zen. Et comme vous avez programmé votre temps, vous aurez une vue plus claire des objectifs de la journée et de ce qui reste important à votre vie. Refusez la fuite en avant.
Au besoin, faites lui lire cet article. Malgré ses impératifs, peut-être réfléchira-t-il aussi à son propre intérêt en temps qu’Homme, qui calmerait son stress et épargnerait sa santé.
Montrez lui la fenêtre qu’il n’a plus pris le temps d’ouvrir. Le monde extérieur qui prend encore le temps d’y jeter plus qu’un coup d’œil distrait.

Le livre de la vie se lit et se savoure mot à mot, phrase par phrase, chapitre après chapitre.
Ne tournez pas une page sans en avoir compris tout le sens.
Contrôlez le déroulement de l’histoire avant de passer au chapitre suivant.
Au fur et à mesure que vous avancerez dans la lecture, vous éprouverez peut-être des envies d’en connaître la suite, d’en deviner une part du dénouement.
Surtout évitez de brusquer les choses, car ce livre-là est à sens unique. Pas question de relire une page non assimilée et qui vous a fait perdre le fil.
Le livre n’a pas un nombre de pages illimité et ce serait dommage d’approcher de la fin en vous retrouvant tout désorienté sans savoir si le temps n’est pas passé au dessus de votre tête à votre insu.
Un autre livre est un luxe que nous ne pouvons pas nous payer, et arrivé à la dernière page, nous pouvons espérer que le résumé du livre soit à la hauteur de nos espérances.

Ce soir, en allant vous coucher, en repensant à tout cela, vous verrez que les bras de Morphée vous seront grand ouverts et que la journée fut bonne.

 smiley


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