Analyse intéressante
A propos de Régis Debray et de son entretien avec Elie Barnavi, un extrait paru dans Médiapart (accès payant-merci à MDpt)
. "...Tel-Aviv, tout à son obsession d’obtenir la compréhension, sinon l’assentiment, de Washington voire de Londres et Paris, ignore Le Caire, Damas, Beyrouth, ou Ankara. Un tel angle mort a été critiqué par Théo Klein, ancien président du Crif, qui fêtera son 90e anniversaire le 25 juin et dont ces propos ont été rapportés par La Croix : « Nous avons eu tort de ne pas mettre au cœur de nos préoccupations la construction d’une relation aux Palestiniens et aux peuples de la région. » Israël fait comme s’il ne s’inscrivait pas au cœur du monde arabo-musulman, il s’imagine comme un coin d’Occident en Orient, qui pourrait se passer du reste. C’est tout simplement oublier longitudes et latitudes...
L’erreur stratégique originelle, pour se gagner les faveurs de l’Occident, fut de substituer un conflit national territorial classique à un conflit de religion, de civilisation : tous contre le terrorisme islamique, nous guerroyons contre le Djihad, donc appuyez-nous... Une telle logique change le rapport de force en mêlant les Indonésiens, les Malais, ou les Kazakhs, soit non plus 250 millions d’Arabes voisins, mais l’Islam même, donc un milliard d’êtres humains.
Pourtant Israël s’inscrit dans un Proche-Orient jugé hostile. Et il cherche à se constituer un impossible glacis puisqu’il se perçoit, selon vous, comme une « victime au futur antérieur », jusqu’à devenir un « terrorisé terrorisant »...
Cette dialectique terrible de la peur, légitimée par des siècles de persécutions, aboutit à un irrédentisme ne lésinant pas sur les moyens. Une telle peur s’exorcise par une brutalité insensée. Voilà une justification psychologique – le monde entier est contre nous –, qui pousse à user de sa supériorité notamment technique, mais c’est stratégiquement dangereux.
Au sujet de cette course à l’abîme menée par une force envahie par la peur, la clef n’est-elle pas à chercher dans une situation coloniale, qui en vient à corrompre les valeurs mêmes du colon, engagé dans une guerre perpétuelle contre ceux qui ne l’accepteront jamais ?
Oui, une guerre sans fin, dans un territoire indéfini. C’est la notion de limite qui échappe à Israël. Il y a cependant une ambiguïté originelle, dans la mesure où Israël fut à la fois le dernier grand mouvement d’émancipation nationale, dans le sillage du printemps des peuples de 1848, et le dernier mouvement colonial. Reprocher le fait colonial à Israël, c’est lui reprocher son existence même et son origine. C’est peut-être son péché originel, mais il y a des rédemptions, des façons de se racheter avec le temps, de gommer la faute. Ce qui me semble pathétique, ce n’est pas l’origine malheureuse et inévitable, mais que rien n’ait été fait pour atténuer l’irruption, pour huiler les rouages, pour dialoguer avec l’Autre. C’est donc l’enfoncement dans le colonialisme plutôt que l’origine coloniale qui me semble angoissant.
Pouvons-nous, ici, servir à quelque chose ? Un changement de regard et de sensibilité en Europe et en Amérique favorisera-t-il une prise de conscience ou un durcissement jusqu’au-boutiste d’Israël ? Jetons-nous sur le feu de l’huile alors que nous pensons verser de l’eau ?..."
16/06 19:02 - Christoff_M
14/06 09:49 - armand
Sisyphe, FAUX. Tu peux t’appuyer tant que tu veux sur quelques « révisionnistes », les (...)
14/06 09:45 - armand
J’attends avec impatience le prochain brulôt de Debray : « Si la Chine veut éviter le (...)
13/06 23:00 - karquen
@ l’auteur, réflexion interressente ! j’achèterai votre dernier bouquin. je (...)
13/06 19:39 - Céphale
Autre dernière nouvelle. Ehud Barak vient d’annuler son voyage à Paris, où il devait (...)
13/06 15:10 - Céphale
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