Monsieur Schiffer,
Je vous trouve de
par trop conciliant. L’on ne peut à la lecture de la tribune honteusement allouée
par Libération à BHL sous la seule raison qu’il est actionnaire de ce journal jadis
de gauche, que rire ou, en état d’ébriété avancé et philosophant sur le monde (qui-va-à-sa-perte-ma-bonne-dame-c’était-mieux-avant)
avec quelques compagnons de beuverie, pleurer. Le ton fat, la mauvaise foi
exceptionnelle, les mensonges ("le blocus, il ne faut pas se lasser de le
rappeler, ne concerne que les armes et les matériaux pour en fabriquer" - il
faudra m’expliquer le cas échéant à quel endroit précis de l’ogive nucléaire sont
placés le chocolat, le coriandre, les poulets, les cahiers et crayons d’écolier,
et comment dans ce fatras trouver assez de place pour placer l’essentiel backgammon)
accumulés donnent à cette tribune très franchement ridicule des aspects d’"exercices
de style"à la Queneau, l’humour volontaire en moins.
Je trouve la riposte
de Joffrin superflue, mais elle ne m’étonne pas, le brave Laurent n’étant pas
le plus futé de la terre. Répondre à ce genre de texte, exercice auquel vous
vous adonnez également sur un ton presque amical, c’est conférer à ces écrits
lamentables une valeur qu’ils n’ont pas. L’indifférence est le meilleure réponse à l’insignifiance.
Bref, votre tribune
est joliment tournée, elle contient du vrai, mais elle n’en reste pas moins qu’une
critique bien trop édulcorée.
PS : Mention
spéciale, concernant le texte de BHL, à "Misère
de la dialectique antitotalitaire et de ses retournements mimétiques". Si
c’est un lapsus, il est magnifique. Si c’est un trait d’esprit, il est très mal
formulé.