ou encore qui est vraiment Monnet ?
Mais de Gaulle se méfiera toujours de cet intime de Washington, qu’il
surnomme « l’Inspirateur ». « Dès les origines, [Monnet] a voulu
réaliser une Europe bien unie aux Etats-Unis et par conséquent bien
dépendante d’eux ». rouspétera le diplomate gaulliste Maurice Couve
de Murville . L’ancien trafiquant de tord-boyaux est l’homme de
confiance de l’American Committee on United Europe (Acue), l’officine de
la CIA chargée de financer la propagande europhile. En 1952, dans un
courrier émouvant, le « père fondateur » rend grâce au général Donovan
pour ses bonnes œuvres : « Ce soutien constant, aujourd’hui plus
crucial que jamais, nous sera d’une grande aide pour la réalisation
complète de nos plans. »
Le carnet d’adresses de Monnet embrasse non seulement les barbouzes
et les milliardaires américains, mais aussi les élites d’Europe de
l’Ouest. En France, les carriéristes les plus influents du monde
politique (Antoine Pinay, Guy Mollet, le jeune Valéry Giscard
d’Estaing…), de la finance (Monnet est très lié à la banque Lazard), de
l’université (Georges Vedel, Jean-Baptiste Duroselle…) et du journalisme
(Hubert Beuve-Méry au Monde, l’équipe de l’Express…) rejoindront ou
soutiendront son Comité d’action pour les Etats-Unis d’Europe. La
composition de cette couveuse rotarienne illustre une autre citation,
authentique celle-là, de Jean Monnet : « continuez, continuez, il n’y
a pas pour les peuples d’Europe d’autre avenir que dans l’Union. »