Vous n’êtes pas objectif dans votre propos.
Autant j’ai pu être sévère vis à vis de F. Bayrou en tant que chef de parti, autant force est de constater que son intervention hier soir était celle d’un homme d’état.
Il a été très clair dans ses propos :
- il faut rétablir les équilibres financiers. Ce qu’il prône depuis de nombreuses années. Il y aura des coupes dans les dépenses de l’Etat, sauf dans l’éducation qu’il veut sanctuariser, et des recettes supplémentaires. Là ausi il a été très concret : abandon de la loi TEPA (sur les heures supplémentaires, le plafond d’exonération des droits de succession, le bouclier fiscal, soit 10-15 milliards par an), remise en question des niches fiscales (15-20 milliards), fusion de la première tranche de l’impôt sur le revenu avec la CSG (là je ne connais pas le montant). Pour les retraites, il est favorable à un retard progressif de l’âge de départ à la retraite (+1 trimestre par an jusqu’en 2018, date à laquelle il faudra faire le point) en tenant compte de la pénibilité, mais pas de remise en cause du cap des 65 ans pour un retraite sans décôte.
- il veut relocaliser la production industrielle, pour rétablir de l’emploi, condition indispensable à l’équilibre des comptes de la sécu comme des retraites. Pour cela, il souhaite une certaine mesure de protectionisme européen et des aides ciblées. Je suis plus perplexe sur ce sujet, qui me semble plus ciomplexe à mettre en oeuvre de la part de l’Etat, mais c’est un axe clair, qui fonctionne correctement en Allemagne.
- il veut renforcer l’éducation de façon à éviter ce paquet de jeunes sans avenir qui est exclu du système, et il me semble que là est effectivement un sujet clé : toutes les récentes enquêtes de l’OCDE démontrent que notre système scolaire ne fonctionne plus, et que surtout il est totalement inadapté pour les personnes socialement défavorisée, ce qui accentue l’appauvrissement et empêche l’ascenseur social.
Après, c’est un homme politique comme les autres, mais ses propos sont cohérents et lucides. Il me semble que la crise actuelle devrait inciter les politiques à un peu moins de démagogie ; Bayrou est là dans son rôle. Pas de promesses fumeuses, des efforts nécessaires mais plus justement répartis, cela tient la route.
A titre personnel, je pense que la situation, européenne, sociale et économique, exige de la responsabilité de la part de nos politiques, même si les périodes pré-présidentielles ne sont guères favorables à la lucidité. Si Bayrou quitte son discours d’opposant systématique en faveur d’un projet d’intérêt général, je n’y vois que des éléments positifs.