L’article est une très bonne synthèse de ce qui s’est écrit sur la littérature courtoise, j’ai pris beaucoup de plaisir à le lire. Je lui souhaite beaucoup de succès. J’ai beaucoup apprécié l’exposition de l’idée qu’il faut se méfier d’une interprétation anachroniquement féministe de la littérature courtoise, tout comme de ne pas y trouver de mauvaises grilles de lecture fondées sur la séparation entre un monde du nord brutal et une Occitanie fantasmée. En effet, le thème de la courtoisie et le l’apparition du thème de l’amour dans la littérature occidentales n’ont pas toujours été traités de manière très heureuse, les thèses fausses et orientées qui présupposent une « civilisation occitane » et une antériorité de la courtoisie méridionale (malgré la grande ancienneté d’une oeuvre telle que « Tristan et Iseult »), que celle du nord n’aurait fait que copier, ont trop souvent eu cours par le passé et se retrouvent encore trop présentes, et je trouve que l’auteur a très bien su trouver de bonnes sources d’information.
L’émergence de la littérature courtoise est aussi souvent replacée dans le grand mouvement d’essor de l’Occident, difficile à dater avec précision, car les thèses et les expressions se sont succédées ; « mutation de l’an mille », « Renaissance du XIIème siècle ». Ce mouvement qui voit le commencement des croisades, le renouveau du commerce méditerranéen par les ports italiens, le développement des villes et leur affirmation politique, le développement des universités et la rénovation du monachisme et de l’Eglise, tous ces processus s’étendant sur des durées se comptant en siècles.
J’ai beaucoup apprécié les fines nuances entre les courtoisies du nord et du midi, qui n’ont pas été sans faire écho à ce que j’avais lu dans « Essai de poétique médiévale » de Zumthor, où l’auteur explique que la courtoisie du nord est plus grave et a moins un caractère de jeu que celle du sud, les différences de structures féodales, que l’auteur a mentionnées, expliquant également cela.
Je repense aux passages du « Lancelot, le chevalier à la charette », où le chevalier songe désespérément à Guenièvre, et plus encore à ce splendide passage de « Perceval », quand le héros voit mystérieusement, un matin enneigé, une oie attaquée par un faucon et qui en perd trois gouttes de sang dans la neige, les deux ensemble l’entrainant dans une rêverie en lui évoquant le cher visage de son amie.