Le problème de cette définition est qu’elle considère
l’entreprise comme une froide machine uniquement intéressée à l’argent. Il faut
prendre d’autres choses en compte, car une entreprise est tout autant le
vecteur d’un discours idéologique qu’elle porte. C’est une vision du monde et
des rapports sociaux, un rapport au monde extérieur, un système de valeur àt la
fois transversal au monde de l’entreprise en général et à toute entreprise en
particulier. Une entreprise est aussi le lieu de rapport de pouvoir, de perpétuation d’un système de domination, ou d’un code de la normalité, en fonction du point de vue que l’on prend.
La notion de système productif est aussi discutable. Il y a sur le plan pratique tellement d’absurdités dans le monde ordinaire du travail, tellement de choses simplement contre-productives, que l’on peut se demander si cette notion de »production« a encore un vrai sens. En tant que salarié, on parle finalement peu de rendement avec ses supérieurs, mais bien plus de la manière dont on se coule dans une structure sans laisser la moindre place à l’affirmation d’une subjectivité individuelle. Le jour où je passais un entretien d’embauche pour faire opérateur de saisie en CDD, pensez vous que l’on me demanda mon efficacité sur un clavier ou mes capacités à réfléchir ? Non, j’eus droit par contre à une merveille de questionnaire psychologisant d’où il ressortit que, quoique parfaitement obéissant sur le plan formel, j’étais à l’intérieur un individualiste sur lequel les mythologies de pacotille des valeurs d’entreprise n’avaient pas de prise, et ce simple job sans importance m’échappa, il fallut que je m’en trouve un autre. Ce que l’on aurait attendu de moi ? Que je fonctionne »comme signe dans le scénario global de la production">
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