Vuvuzela sociale
Sa Minusté est vraiment trop bonne : elle ne vient de nous voler que deux années de vie supplémentaires !
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C’est ça que vous voulez ?
Non, mais, franchement, c’est ça que vous voulez ?
C’est pour ça que vous vous levez tous les matins ?
C’est pour ça que vous élevez des gosses ?
C’est ça la société dans laquelle vous voulez vivre ?
Et c’est ça que vous comptez léguer à vos enfants ?
Une vie de labeur, de pauvreté, de peur, avec le tombeau ou le grabat comme seule échappatoire ?
C’est pour ça que vous avez vécu ?
Vous n’avez pas l’impression que vous avez assez avalé de couleuvres comme cela sur la foi de vagues promesses de lendemains plus rieurs ? Ils sont où, les fruits de nos sacrifices ? Ils sont où, les fruits de notre travail à tous, de tout ce temps, de toute cette énergie que nous déployons jour après jour depuis tant d’années ? Sommes-nous des humains ou des hamsters stupides qui tournent frénétiquement dans leur cage parce qu’ils ne savent plus rien faire d’autre ?
Parce que vous les croyez, quand ils disent que ce coup-ci, c’est bon, les retraites sont sauvées ? Vous les croyez encore ? Comme vous les avez crus pour toutes les autres réformes qui ont précédé, porteuses de la même promesse, de la même espérance, forcément démentie, forcément remise en cause, démontée, jusqu’au nouveau coup de canif dans le contrat social, comme à chaque fois, comme maintenant et comme demain.
Vous pensez vraiment que si vous fermez la gueule et faites le dos rond, ils vont s’arrêter là ? Est-ce que vous imaginez vraiment qu’ils ont une seule bonne raison de s’arrêter là, pendant que vous faites collectivement les moules devant vos boîtes à cons, à applaudir les milliardaires en short qui courent plus après les putes et les voitures de luxe que derrière un ballon ?
Non, mais franchement, vous y croyez ou c’est juste que vous avez attrapé une mentalité d’esclaves comme d’autres choppent un mauvais rhume en exposant leur cerveau disponible à des vents mauvais ?
Parce que je ne vais pas faire le prophète en vous annonçant qu’ils vont continuer à nous plumer comme ils le font depuis 30 ans en nous racontant strictement n’importe quoi ! De réformes en délocalisations, d’assouplissements en globalisation, c’est de notre chair, c’est de notre sang, c’est de nos rêves, c’est de nos vies qu’ils se repaissent avidement. Étape après étape, ils nous reprennent tout ce qu’on avait réussi à leur arracher de droits à une vie décente. Et il n’y a absolument rien pour les arrêter tant qu’ils n’auront pas sucé jusqu’à la dernière particule de moelle de nos os. Et quand bien même, ils trouveraient encore le moyen de faire de nos cendres et de celles de nos enfants des savonnettes ou de l’engrais, pour ne pas perdre une miette de leur précieux profit.
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Rien ne les arrêtera. Aucun homme (ou femme) providentiel ne va se mettre en travers de leur chemin. S’il y en a eu qui avaient cette idée, ils ont déjà dû les acheter. Rien ni personne ne viendra nous sauver de leur voracité... sauf nous !
La loi du nombre.
Enfin de notre côté.
Parce que sans nous, sans notre résignation, sans notre monstrueux sentiment d’impuissance qu’ils cultivent depuis des décennies, leur plan merdique ne peut pas marcher.
Sans nous, pas de richesses !
Sans nous, pas de profits !
Sans nous, ils ne sont rien.
On ne parle pas là d’une gentille promenade de santé organisée par les syndicats bien proprets pour canaliser la colère légitime de ceux qui se font entuber chaque jour un peu plus. On ne parle pas là de la petite manif’ mensuelle, au parcours balisé, derrière une foutue sono qui vomit ses décibels pour que les organisateurs-bergers soient bien sûrs qu’aucun des moutons bien gardés n’aurait l’audace de gueuler un slogan de nature à réveiller les âmes engourdies. On ne parle pas là des parades dont les gens Du Château se gaussent en déclarant que ce qu’il y a de bien avec nos mouvements sociaux, c’est qu’ils ne dérangent plus personne... et surtout pas la bonne marche de leurs petites affaires.
Non, ce dont on parle, c’est d’un peuple qui prend son destin en mains.
C’est d’un peuple qui refuse de faire un pas de plus vers le précipice.
C’est d’un peuple qui se croise les bras et paralyse la machine à lui écraser la gueule dans la merde tout en lui pompant la substantifique moelle.
C’est d’un peuple qui se rappelle qu’il existe, qu’il vit, qu’il rêve, qu’il aime et qu’il peut se mettre en colère.
C’est d’un peuple qui retrouve sa voix et qui hurle sa révolte.
C’est d’un peuple qui se rappelle qu’il a tout à perdre à continuer de se soumettre à l’ordre injuste.
C’est d’un peuple qui retrouve sa voi(e)x et dont la rumeur, immense, résonne dans les rues, dans les cités, envahit tout, couvre tout et fait saigner les oreilles des bourgeois acculés dans leurs tours d’ivoire !
Ce dont on parle, c’est d’une grande
vuvuzela sociale, de ce bruit collectif qui assourdit en ne parlant que d’une seule voix : celle de sa liberté reconquise, ici et maintenant !
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