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Commentaire de Franz Ferdinand Von FritzenSouchern

sur François Fillon inaugure la mosquée d'Argenteuil pour mieux préparer la loi contre le voile intégral


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@Peripate : en complément

 

On est aussi avec les controverses qui opposent mutazilites et sunnites dans le même registre que celle autour de la double nature, humaine ou divine, de Jesus. Et cela dépasse à l’époque le simple champ théologique puisque avec l’interprétation mutazilite postulant que le Coran avait été créé cela pouvait amener à désacraliser son expression linguistique et donc modifier radicalement la conception de la Loi, fondée sur la lettre intangible de l’Ecriture : soit le dogme actuel, celui qui s’est imposé après que le Califat remette en vigueur la thèse opposée et fasse du Coran incréé un article de la foi orthodoxe.

 

Pourtant au départ, les mutazilites essayaient bien de résoudre ce qui leur apparaissaient comme une contradiction : Dieu selon le texte coranique est Savant, Miséricordieux, Juste, Puissant, mais aussi Parlant ; Il peut faire descendre un ange qui communique littéralement sa parole au prophète Mohamed, peut aussi exceptionnellement parler directement à un prophète (Moïse) : d’où l’idée que les qualités ou attributs divins par lesquels Dieu s’était auto-décrit dans sa révélation, étaient donc éternelles comme lui : mais voilà le problème que les mutazilites tentent de résoudre : se représenter les attributs divins comme des entités éternelles, coexistant avec l’Essence divine mais séparées d’elle n’équivalait-il pas à introduire des divinités à côté de l’Unité divine ?


Ce qui allait, bien entendu, à l’encontre du message prophétique de Mohamed qui avait proclamé qu’il avait bien été envoyé au monde (aussi) pour mettre fin au polythéisme.

 

Ce qui conduit (en toute logique) donc les mutazilites à rejeter les attributs divins et à les considérer comme de simples figures de style dans le texte coranique.

 

Sur la Parole divine : même topo : comment la concevoir autrement que comme des sons, des lettres, des mots…bref comme la réalité terrestre ? Pareil, supposer qu’Allah aurait parlé comme des hommes, était une atteinte directe au principe musulman (central voir essentiel) de la pure transcendance divine : il ne peut rien avoir de commun entre le Divin et sa création : cf. texte coranique : rien n’est à Sa ressemblance…

 

Comment les mutazilites résolvent le mystère de la parole divine ? et bien la parole divine est conçue comme une pensée, inspiration aphasique dans l’Essence divine et qui se passe des langues humaines.

 

Bref, au final, le sunnisme ultérieur (ex :Al-Ach’arî et Al-Juwayni ) élaborera en réaction l’idée d’une double Parole divine : intérieure, sans mot, coexistante et identique au Coran révélé : Al-Juwayni la conçoit comme inhérente à l’essence, ne consistant ni en son ni en lettres mais comme le discours inhérent de l’âme…il écrit : « Le mieux est de dire…que la parole est le discours inhérent de l’âme. Cette parole intime est la réflexion que l’on roule dans l’esprit, et qui a pour signes des mots, des gestes ou tout autre moyen convenu. Il en est de la parole, dans doctrine, comme de la science éternelle. Celle-ci s’étendait déjà dans l’éternité du passé à ce qui existait dans cette éternité. La parole existait antérieurement à Moïse ; et quand ce dernier est venu à l’existence, la parole était déjà une interpellation à Moïse ; ce qui a été nouveau à ce moment, c’est Moïse et non pas la parole.  » .


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