Passionnantes contributions Franz. Il fallait, pour bien comprendre, votre premier paragraphe, voir le deuxième où vous expliquez que « Pareil, supposer qu’Allah aurait parlé comme des hommes, était une atteinte directe au principe musulman (central voir essentiel) de la pure transcendance divine : il ne peut rien avoir de commun entre le Divin et sa création : cf. texte coranique : rien n’est à Sa ressemblance… »
En effet, une telle conception ne va pas de soi pour un chrétien de culture car il n’y a pas vraiment, si je ne me trompe pas, d’équivalent dans le christianisme. Il y a bien les thèses de l’école nominaliste du XIVème siècle, qui postula l’impossibilité de comprendre Dieu par la voie de la déduction et du raisonnement, mais elles n’ont une ressemblance que superficielle, car si Dieu a une puissance telle qu’elle va bien au delà de toute conceptualisation humaine, il peut néanmoins faire ce qu’il veut et être accessible aux hommes s’il le désire, voire jusqu’à prendre forme humaine dans l’Ancien Testament, avec le combat entre Jacob et Dieu.
J’avoue avoir été un peu perdu après votre premier commentaire, car pour moi, Dieu pouvait prendre des attributs purement terrestres dans l’islam, tels que la parole (mais c’est vrai qu’Allah ne s’incarne absolument pas ni ne se manifeste en dehors de la révélation du Coran, il n’y a aucun équivalent de Dieu qui parle à Samuel, à Moïse, ou qui apparait à Ezechiel), ce qui apparait comme normal pour un chrétien ou un juif (Dieu fait ce que bon lui semble), mais serait perçu comme un manquement à sa nature divine dans l’islam, où si je vous suis cette notion de distance entre Dieu et les hommes doit être absolue et n’a jamais souffert d’exception.
« Comment les mutazilites résolvent le mystère de la parole divine ? et bien la parole divine est conçue comme une pensée, inspiration aphasique dans l’Essence divine et qui se passe des langues humaines. »
Mais il en découle des différences radicales pour la manière dont on envisage le Coran, et proscrit totalement, à l’avance et avant même qu’elle soit proférée, toute interprétation littéraliste du texte.