Le point de vue d’un sceptique :
Le gouvernement de l’Europe n’offre jusqu’ici qu’une forme incertaine, pas encore accomplie du pacte social. Comment cette Europe peut-elle se poser en garant ou en défenseur de l’intérêt général ? Intérêt général , but ultime, absolu, et étant la raison d’être incontournable de tout gouvernement démocratique. De plus, on est en droit d’attendre que les minorités économiques ne soient pas lésées.
Jusqu’ici, la somme (le gouvernement européen) ne peut prouver clairement qu’elle donne de meilleurs résultats que les parties (les états membres). Cette Europe qui n’a pas encore entièrement démontré sa légitimité, ni morale, ni politique et qui peine extrêmement à exprimer des balbutiements économiques. Gérer l’Europe comme un méga-état avec seulement 24.000 fonctionnaires n’est qu’un progrès technique et financier des plus médiocre.
Le marché, fétiche des économistes néo-classiques et hochet des technorates engendre la concurrence sauvage et non la coopération ; et crée, obligatoirement, le contraire du but recherché d’un mieux être pour les citoyens. Ce marché « ouvert » continuera de s’opposer, parfois brutalement, à une Europe que l’on nous promet, harmonieuse et idéale bercée par « le doux commerce » cher aux Lumières.
Ces hiatus permanents entre les efforts demandés (aux états, aux groupes socioprofessionnels, aux personnes) et les résultats obtenus ne sont rien moins que consternants.
On peut légitimement désespérer de voir un jour prendre forme cette nébuleuse incertaine où triomphent déjà de façon éclatante les intérêts particuliers, et cela bien au-dessus de l’intérêt général.
Pour que cette Europe arrive à graver des contours certains, il lui faudra traverser des maladies infantiles, et passer par une croissance et des sacrifices sans doute douloureux. Ce dont ses partisans se gardent bien de nous parler ; tout simplement parce qu’ils n’en savent rien.