Alors que le désordre actuel est d’un tout autre
niveau.
Avant tout culturel et societal.
Le désordre ou
chaos peut être apparent, cela ne signifie pas pour autant que la situation
actuelle résulte d’une absence de contrôle ou d’organisation : de fait, c’est
l’inverse : et les politiques
non pas les gouvernants ( : cela
fait longtemps que l’idée même de gouverner est devenue étrangère aux élites
politiques ) se contentent de légiférer mais surtout de contrôler :
donc au propos suivant :
en attendant la misère intellectuelle est incarnee
par nos gouvernants...... incapables de VOIR et de comprendre.
Il faut répondre :NON : non seulement, ils voient,
entendent et comprennent : et font le job
pour lesquels on (ici on : ne se réfère pas au mythique peuple
souverain) les a mis à la place où ils
sont.
Une société d’apparence ordonnée,
organisée ou sous contrôle (modèle stable idéal : étatique, totalitaire,
fasciste, etc…) ne l’est réellement que si le conditionnement ou le consensus supporte
en proportion le contrôle social : sans cela sous l’ordre apparent surgit
le désordre spontané et induit par la nature humaine réagissant
(collectivement) à telle ou telle contrainte ou à succombant à telle ou telle
pulsion (révolution, contestation, etc...).
Dans le modèle actuel, qui n’en est pas un mais qui marque une
transition : une phase avant
mise en place d’un modèle déjà défini ou évoqué : le désordre n’est qu’apparent (c.à.d : qu’il est voulu autant qu’entretenu voir produit) ou voulu et renforce le Contrôle car :
plus désordre il y a plus les individus sous conditionnement toujours croissant
réclament de l’ordre (sécurité) : donc plus de contrôle : la
sécurité étant devenue l’obsession (perspective individuelle qui par addition
impacte l’ensemble de la communauté : d’où intérêt de la
fragmentation/parcellisation afin de saper les pulsions opposées d’ordre
collectif (contestation) ) : sécurité économique, sanitaire, écologique,
existentielle…
L’insécurité ou le sentiment
subjectif de l’Insécurité étant devenue une constante (impression de désordre,
chaos, non-contrôle, etc…) ne fait en fait que favoriser la transition actuelle
et prépare le nouveau modèle à venir :
considérant que ce système (dit néo/ultralibéral à tord car il est un
modèle inédit) se fonde avant tout sur une mécanique d’exclusion (car non viable sinon : l’égalité voir
une démocratie réelle est de fait impossible dans ce modèle) : l’insécurité s’accroîtra TOUJOURS et par la même mécanique citée
ci-dessus : le contrôle en
proportion aussi s’accroîtra : donc d’un désordre apparent nous
aboutissons à toujours plus de contrôle et donc à l’Ordre : soit un système toujours mieux organisé et un
contrôle devenant autant total que global.
De fait : l’insécurité alors doit être maintenue afin
que la société de Contrôle et de Surveillance se renforce : DONC ces zones
de non-droit sont promises à un avenir certain avec cette idée essentielle à
retenir est que même si la France entière devenait une zone de non-droit :
cela ne serait absolument pas un problème pour la société de Contrôle et de
Surveillance mais bien plus une possibilité presque souhaitée.
Et le décalage
entre l’obsession sécuritaire (rhétorique et opportuniste des politiques),
le corpus législatif toujours plus renforcé par un arsenal de lois sécuritaires
(dont l’impact n’est pas encore considéré aujourd’hui) ainsi que les investissements
dans le domaine de la Sécurité (publique :Police, caméras, etc… ou
privée : auxiliaires, sociétés spécialisées,etc…) ET le développement
croissant de l’Insécurité ou de son sentiment : suffit à démontrer que
la fonction essentielle de cette obsession sécuritaire n’est absolument pas
la lutte contre l’insécurité, mais bel et bien le contrôle et la
surveillance des individus.
Voilà ce qu’on entend par société
de surveillance, une société de contrôle qui est elle-même sa propre fin,
dont la finalité propre est le Pouvoir. Sous cette perspective, alors nous
devons considérer que l’efficacité de notre police n’est pas à contester, la
société de surveillance fonctionne parfaitement.
On ne développe pas la société de
contrôle/surveillance afin de lutter contre l’Insécurité, on utilise le
prétexte insécurité pour développer surveillance et contrôle et justifier cette
société. Pourquoi ? Parce que les
individus accepteraient tout au prétexte de la lutte contre l’insécurité.
Conséquence : la société de
contrôle/surveillance ne se sabotera jamais en luttant réellement contre
l’insécurité qui la justifie. Car la réelle crainte de nos élites n’est pas
l’insécurité mais les réactions
possibles des individus en situation d’insécurité : d’où la
surveillance et le contrôle afin de repérer les déviants, les contestataires
(c.à.d : ceux à même de produire plus que des manifs : des modèles
alternatifs ou concurrents) auxquels sera réservée le traitement adéquat. La
contestation est plus crainte que la délinquance par nos élites. La police, dés
lors, a pour but principal de ficher et surveiller, et contrôler, non pas la lutte
contre la délinquance ou la criminalité qui est une fonction secondaire
de ce corps étatique particulier : l’Ordre n’est pas synonyme de Sécurité,
nos agents de police sont gardiens de l’Ordre telle est leur
fonction essentielle.
Alors oui, il y a bouleversement
culturel et social en cours : la fin de la Culture pour le premier et la
mise en place d’une anti-société pour le second : mosaïque de serres,
bunkers, et communautés éclatées sans lien social ou culturel, sans référent
commun, sans idée du Collectif et encore moins de l’Universel (quelque soit l’acception
que l’on en a) : tout ce patchwork humain placé sous la vigilance d’un
monde d’en-haut, évoluant dans une société parallèle : définitivement
séparé du reste des hommes : fin de la lutte des classes, des castes ou même
des races…fin du contrôle social ou horizontal : bienvenue dans le
Meilleur des Mondes : deux sociétés parallèles évoluant pour les chanceux
dans une forteresse-palais, pour les autres dans un no man’s land chaotique
soumis à un contrôle autant total que global.