« Effectivement mais cela est à mettre en parallèle avec une situation globale : post-idéologique, de mass’culture ou selon moi d’anti-culture, et de réduction/appauvrissement autant de la langue que de la Pensée : novlangue ou pensée unique, slogans&mantras, prêt-à-penser, etc…tout ceci diffusant à une échelle jamais connue et relayée par la toute-puissance numérique des médias. »
Bernard Stiegler a écrit des choses pas mal là desssus, comment les industries culturelles détruisent toute individualité.
Actuellement, j’ai pu expérimenter que l’on est dans une autre phase et que les catégories marxistes ne servent à rien. Je ne crois plus à la notion de travail depuis deux ans, mes expériences me poussant à penser que tout fonctionne par des guides de procédure rigides, le conditionnement du management. Tout m’a l’air d’être un gigantesque mécanisme où tout est programmé, formalisé, standardisé, où l’humain, quand il est nécessaire, est là pour assurer la mise en oeuvre et l’exécution selon les normes prédéfinies, ce qui annihile en lui toute subjectivité.
Par contre, on est dans une phase, intermédiaire à vous suivre, où on peut payer encore pas mal de monde, pour des métiers qui sont parfois plus proches du simulacre que d’autre chose, peut-être pour garder l’illusion du travail « à l’ancienne », pour la dimension symbolique en somme. A l’heure actuelle, on accepte de payer des publicitaires qui n’auront pas d’impact, des financiers qui gèrent passivement des modèles informatiques, sans parvenir à faire mieux que des chimpanzés faisant des placements aléatoires dans des expériences, et fort cher souvent. Là où je suis curieux de connaître l’avenir, c’est de savoir s’il en sera toujours ainsi, si un jour on passera du simulacre du travail à la constatation pure et simple de l’inutilité de l’espèce humaine. Je ne suis pas un optimiste de nature, mais je suis plus optimiste que vous sur ce coup, je pense que la grande mascarade continuera et que l’on continuera à payer ces emplois qui ne servent à rien longtemps, de ces emplois aidés au maigre bilan (que je connais bien) pour les moins lotis jusqu’aux fonctions de marketing, de management, de ressources humaines, qui ne sont à mon sens que du vent que l’on accepte de payer, peut être par une forme de pensée magique, en croyant que l’invocation d’un simulacre donnera des résultats réels.