Ce qui me fait sourire avec votre « tolérance zéro », c’est qu’elle accrédite, au contraire, une lecture sociologiste ou « sociale », puisqu’il fut bien documenté que ces dispositifs, malgré les dénégations de ces laudateurs, constituaient le symptôme ultime du traitement pénal de la pauvreté.
Wacquant le rappelle bien dans ses travaux, puisqu’il montrait bien que le discours de tolérance zéro s’est focalisé, à l’origine, sur les « squeegee men ».
http://www.atheles.org/agone/revueagone/agone22/index.html
« À New York, nous savons où est l’ennemi », déclarait William Bratton, le nouveau Chef de la police de New York… En l’occurrence : les « squeegee men », ces sans-abri qui accostent les automobilistes aux feux pour leur proposer de laver leur pare-brise contre menue monnaie, (Giuliani avait fait d’eux le symbole honni du déclin social et moral de la ville lors de sa campagne électorale victorieuse de 1993, et la presse populaire les assimile ouvertement à de la vermine : « squeegee pests »), les petits revendeurs de drogue, les prostituées, les mendiants, les vagabonds et les graffiteurs. Bref, le sous-prolétariat que cible en priorité la politique de « tolérance zéro » dont l’objectif affiché est de rétablir la « qualité de la vie » des New-Yorkais qui savent, eux, se comporter en public, c’est-à-dire des classes moyennes et supérieures, celles qui votent encore.