Sarkozy est au pouvoir depuis 2002 en tant que ministre de l’intérieur, puis ministre des finances et de l’industrie (excusez du peu), président du principal parti politique du pays (ce qui est toujours d’actualité), puis président de la république avec majorité absolue à l’assemblée. Je n’évoque même pas le fait que les députés sont aux ordres de l’exécutif.
Il a donc eu toutes les cartes en main depuis 8 ans pour gérer ce dossier.
Que constatons-nous ? Des germes de guerres civiles dans les cités, où l’on tire à balle réelle sur les forces de l’ordre, où l’on est content qu’il n’y est que 15 voitures brulées en une nuit (car la veille, il y en avait 4 fois plus), un ministre de l’intérieur condamné à traiter le « trop tard », en faisant des visites éclaires (15 minutes à grenoble) là où ça a brulé.
Dans le même temps, on a assisté à une explosion des gardes à vues d’honnêtes citoyens (il faut faire du chiffre), un effort conséquent là où ça rapporte (les radars automatique des voitures). Il faut bien montrer des bons chiffres au journal de 20h00 de TF1, fussent-ils complétement artificiels.
Qu’a fait Nicolas Sarkozy ? il a supprimé la police de sécurité alors qu’il était ministre de l’intérieur. On en paye le prix aujourd’hui. Vous-même estimez que « ce n’est sûrement pas la meilleure idée qu’il ait eue ». Bel euphémisme. Il faut donc comprendre votre phrase « l’ex-ministre de l’intérieur avait fait un passage remarqué dans son ministère » comme du second degré.
Il a aussi décidé de ne pas remplacer un fonctionnaire de police partant à la retraite sur deux (de même pour les gendarmes). A Grenoble, plaque tournant de la mafia et de la drogue, c’est 20% de policiers en moins depuis 2008, au grand dam du maire de Grenoble, Michel Destot (PS), qui a appelé à un grenelle de la sécurité. Votre argument qui consiste à dire que c’est la faute des maires PS qui ne jouent pas le jeu tombe bien à plat.
Parmi les autres actions de votre champion de la sécurité, le développement des caméras de vidéo-surveillances. J’y vois là un transfert d’argent public vers le privé et ne serais pas surpris qu’il y ait quelques amis du Fouquet’s à la tête de sociétés de caméras. Pour leur efficacité tant vantée par le ministre de l’intérieur lors de l’attaque du jeune grenoblois à la sortie d’un tram (« c’est bien la preuve qu’il faut plus de caméras ») on repassera : elles n’ont pas empêché le braquage du casino de Grenoble (lieu pourtant bourré de caméras), pas plus qu’elles empêchent les voitures de bruler ni les insurgés de tirer à balles réelles sur les flics.
Le bilan sécuritaire de Sarkozy est calamiteux et il est bel et bien responsable de ce bilan. Sa rhétorique habituelle « ha, vous savez, m’sieur Pujadas, Président c’est pas un métier facile » est usé jusqu’à la corde. Si c’est si difficile pour lui, s’il n’y arrive pas, il n’a qu’à démissionner.