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Commentaire de Halman

sur Pour en finir avec Dieu… et l'athéisme


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Halman Halman 22 juillet 2010 09:30

Qui vous a alluciné sur la religion Allard ?

http://philoscience.over-blog.com/80-index.html

La recherche scientifique expérimentale considérée comme un comportement fondamental de l’univers
 Thème. La science

Pour obtenir une vue générale des différentes pages composant ce dossier, consulter le Plan http://www.admiroutes.asso.fr/philoscience/plan.htm

Admettons l’hypothèse actuelle selon laquelle l’univers ou cosmos a évolué et continue à évoluer à partir d’un évènement encore mal connu appelé le Big Bang. Selon cette hypothèse, l’évolution de l’univers donne naissance à des objets très variés, dont certains sont encore mal connus : galaxies, astres, planètes, nuages de gaz mais aussi particules, matières et énergies dites noires·Sur une de ces planètes, la Terre, l’évolution cosmologique a permis l’apparition, grâce à un certain nombre de circonstances favorables, d’organismes qualifiés de vivants, parce qu’ils répondent à certains critères permettant de les différencier de leur environnement physique et chimique. Il n’y a pas de raison que la Terre soit la seule planète ayant favorisé l’apparition de tels êtres, mais peu importe à ce stade de notre réflexion.

Ces organismes vivants sont dotés de membranes qui les isolent de l’extérieur et au sein desquelles ils maintiennent par divers mécanismes un milieu intérieur stable. Ils disposent également d’organes les mettant en relation avec l’extérieur. Il s’agit soit d’organes sensoriels qui perçoivent certaines des caractéristiques du monde extérieur, soit d’organes moteurs qui peuvent agir sur ce dernier en le transformant. Beaucoup de ces organismes sont également dotés d’un système de mémoire et de pilotage central dit système nerveux leur permettant de mémoriser des informations symboliques plus ou moins riches, relatives à leur propre fonctionnement ou aux évènements résultant de leur interaction avec le milieu. Enfin, comme l’évolution des organismes vivants ne se produit pas au seul plan des individus isolés mais à celui des groupes, l’interaction à l’intérieur de ces groupes a provoqué l’apparition de moyens ou réseaux de communication collectifs. Ces réseaux permettent aux individus d’échanger et mémoriser certaines des informations qu’ils ont acquises. Les groupes, en conséquence, peuvent alors se comporter en super-organismes, ce qui augmente leurs capacités d’adaptation.

Comment les organismes vivants ont-ils acquis ces propriétés ? On considère généralement qu’ils ont évolué selon un mécanisme dit darwinien encourageant, par l’intermédiaire des mutations et de la sélection, l’apparition permanente de nouvelles solutions, dont certaines se révèlent capables d’envahir des zones de plus étendues de l’environnement physique. Ceci se produit à des niveaux différents de complexité. Les colonies de bactéries, les insectes sociaux, les primates, parmi lesquels les hommes, se sont répandus à la surface de la Terre en exploitant les ressources de leurs organes sensoriels et moteurs comme celles de leur système nerveux.

On pourrait penser que la découverte et la conquête du milieu par ces espèces apparemment très différentes se sont faites de façon elles-mêmes très différentes. Quoi de commun entre la construction des termitières par les termites et la construction des civilisations technologiques par les hommes ? Mais quand on regarde de près, on constate que les processus à l’·uvre sont fondamentalement identiques. Dans tous les cas, on trouve des individus se livrant à une exploration du milieu par essais et erreurs, une mémorisation individuelle (génétique) ou collective (culturelle) des solutions ayant réussi et dans beaucoup de cas, sinon dans tous les cas, une communication permettant d’étendre à l’ensemble de l’espèce sur l’ensemble de la Terre les solutions favorables acquises par des innovateurs couronnés de succès.

Un mécanisme commun

Nous pouvons admettre que ce processus d’exploration par essais et erreurs avec production puis mise à l’épreuve d’hypothèses suivies de la conservation des hypothèses confirmées par la vérification instrumentale est exactement celui suivi par les scientifiques dans ce que l’on nomme depuis Claude Bernard la recherche expérimentale : élaboration d’une hypothèse (déduite, induite ou « abduite »), soumission de l’hypothèse à l’expérience, généralisation des résultats de l’expérience sous forme de loi scientifique laquelle conservera force de loi jusqu’à sa « falsification » par de nouvelles hypothèses couronnées de succès· La seule différence entre la pratique expérimentale des termites et celles des humains est que les premiers n’ont pas acquis par l’évolution de moyens très puissants leur permettant de mémoriser et communiquer leur expérience. Ils doivent se limiter, au plan génétique, à l’acquisition de gènes plus ou moins adaptés et au plan culturel à la fabrication de niches plus ou moins étroites. Or ces niches, dont les termitières sont l’aspect le plus visible et le plus « parlant », n’ont qu’une puissance informationnelle limitée, tant au plan géographique et conceptuel. De ce fait, les termites n’ont pas vu apparaître au sein de leurs sociétés d’instruments pour agir sur le monde aussi sophistiqués que ceux s’étant développés dans le milieu culturel humain.

En ce qui concerne l’humanité, que ce soit dans le temps ou dans l’espace, on constate aussi de grandes différences. Des groupes humains primitifs ont élaboré des connaissances limitées et peu transmissibles. On dira qu’ils ont procédé de façon pré-scientifique. D’autres continuent à le faire, en refusant pour diverses raisons de d’agréger au corpus collectif des connaissances. On pourra parler à leur propos, en étant très bienveillants, de connaissances parascientifiques. D’autres enfin, cédant à leur imagination, se refusent à toute vérification expérimentale. Dans ce cas, ils se mettent en dehors du processus scientifique, comme le feraient des termites qui, subitement déréglés, ne seraient plus capables de suivre la trace des phéromones laissées par leurs compagnons. La puissance de la science humaine est évidemment le fait que, grâce à des langages universellement admis, elle peut construire des systèmes informationnels et technologiques bénéficiant d’une forme d’objectivité réduite dite inter-subjectivité.

Mais ce n’est pas parce que les processus de la recherche scientifique expérimentale pratiqués par l’ensemble des espèces vivantes ont profondément divergé que ceux en ·uvre dans les sociétés humaines techno-scientifiques diffèreraient par essence de ceux des sociétés humaines primitives ou de ceux des autres espèces vivantes. L’homme ne devrait pas pouvoir prétendre qu’il se situe grâce à la science au dessus et surtout en dehors du reste de l’évolution cosmologique. En fait, la science humaine et ses produits multiples ne seraient, selon le point de vue développé ici, qu’une forme parmi d’autres des multiples solutions grâce auxquelles l’univers s’est transformé et continue à le faire depuis son origine.

Localement, le cosmos pourrait devenir scientifique

On dira que grâce au langage et la prise de conscience de soi qu’il permet au profit de certains organismes vivants, notamment les humains, l’évolution cosmique terrestre a pris sur la Terre une tournure très particulière. Tout se passe comme si c’était le cosmos tout entier, par l’intermédiaire des constructions instrumentales et des verbalisations symboliques dont l’humanité est prolixe, qui prenait lui aussi conscience de lui-même, tout au moins localement, c’est-à-dire dans quelques régions favorisées de notre planète. Ainsi il deviendrait scientifique et pourrait se gérer selon des méthodes plus élaborées que celle de l’évolution au hasard. Quelques-uns des mécanismes primaires de l’évolution de la matière/énergie au sein de l’univers pourraient peut-être s’en trouver plus ou moins transformés, sur des étendues plus ou moins grandes. Les plus ambitieux des scientifiques pourraient dire alors que l’univers devenu conscient, grâce aux humains, évoluerait d’une façon différente de celle qui aurait été la sienne si l’évolution n’avait pas accidentellement permis l’apparition de l’espèce humaine.

Mais là encore, pourquoi les humains se donneraient-ils le monopole d’être devenus des agents d’une histoire cosmologique éventuellement capable de se retourner sur elle-même afin de modifier éventuellement son propre cours. D’une façon générale, la diversité parait la règle. L’évolution du cosmos s’étant faite de façon buissonnante, dans toutes les directions, il n’est pas étonnant que certaines de ses solutions physiques se soient trouvées bloquées sinon dans des impasses, du moins dans des voies étroites. D’autres au contraire ont bénéficié de conditions favorables qui leur ont permis d’exploser. On constate ainsi au sein de l’univers la coexistence d’objets avortés prématurément refroidis, d’objets évoluant très vite sans guère pouvoir créer de complexité atomique ou moléculaire et d’objets comme la Terre (à supposer comme probable que celle-ci ne soit pas seule de son espèce) encourageant l’apparition de complexités en croissance exponentielle.

Corrélativement, rien ne permet d’affirmer qu’au sein de ces planètes ou ailleurs sur d’autres objets célestes, des entités susceptibles d’évoluer sur le mode du vivant et de créer des formes variées de ce que nous appelons l’intelligence et la conscience ne puissent apparaître ou ne soient pas déjà apparues. Rien ne permet d’affirmer que ces entités ne construisent pas elles aussi, selon des modalités de recherche scientifique expérimentale plus ou moins élaborées, des formes émergentes locales de cosmos dotées de ce que nous appelons la conscience et qui pourraient éventuellement entrer en compétition avec les nôtres.

Les partisans de la vie extraterrestre l’ont affirmé depuis longtemps. Mais il n’est pas besoin d’aller très loin pour en avoir une idée. Il suffit d’imaginer ce qui se passera dans quelques décennies lorsque des robots autonomes entreprendront, probablement en symbiose avec les humains transformés de l’époque, la construction de modèles du monde profondément différents du monde tel que nous l’imaginons actuellement.

Mais alors, à quoi bon cet article ? A quoi bon se donner de la science humaine une vue aussi générale ? Personne de sensé ne devrait en discuter la pertinence. Nous nous bornerions donc à enfoncer des portes ouvertes ? Nous n’en sommes pas certains. Même parmi les scientifiques matérialistes, ceux qui ne s’imaginent pas inspirés par une quelconque divinité, beaucoup s’imaginent dotés de pouvoirs exceptionnels, ne fut-ce qu’en termes d’aptitude à décrire et à moraliser le monde, grâce auxquels ils échapperaient au lot commun de la matière et de la vie. Nous pensons qu’il ne serait pas mauvais de leur rappeler que ce n’est sans doute pas le cas.


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