Avant 1996, je louais une ferme Briarde à une milliardaire. C’était à 15 km à vol d’oiseau de Notre-Dame de Paris. Il y avait plus de 1000 m² habitables et des parents, des amis sont venus, qui loger dans un coin, qui faire de la peinture, ou des tricots dans un autre. Chacun me versait une participation symbolique (mon entreprise assumait le gros des dépenses, alors...)
Un jour, un beau-frère, me demande si je ne pourrais pas trouver un coin pour un de ses super potes dans la galère.
Mince, grand, frisé comme un mouton Astrakan, ce Gérard Dell....est effectivement super sympa. Il gratouille de la guitare ; il écrit des poèmes, il fume ; vraiment sympa. Il n’a pas de boulot mais affirme qu’il en cherche et me dit qu’il peut me donner le quart des allocs qu’il touche. Alors je l’installe dans un lotf de 50 m² (50m² contre l’équivalent aujourd’hui de peut-être 100 €, toutes charges, taxes et consommations, place de parking dans la cour incluse.
Quelques mois passent sans problème particulier, mais au fil des conversations, je comprends que Gérard ne veut pas travailler. Car dans l’intervalle, là, sous son nez, dans mon entreprise, il y avait 10 gars qui turbinaient (dont toutes sortes d’éclopés de la vie et y compris un malade du Sida, mort depuis). J’offrais une chance à tous. Du travail, dans cet endroit, il y en avait et des moyens de le payer aussi. Mais Gérard estimait qu’il était indigne de travailler, d’engraisser un patron.
Après, Gérard traînait à me payer, il décalait de plus en plus et reportait, « Le mois prochain, le mois prochain, je te promets... » Et il fumait et il poétisait ; Il écrivait des chansons. Et je l’encourageais en ne lui disant pas que ses productions me semblaient....élégiaques.
Hors la bouffe, il vivait désoramais complètement à mes crochets (elle est bizarre cette expression)
Et puis mon bail est arrivé à expiration, je devais partir de cette ferme. Je devais vider les lieux entièrement sinon je devenais redevable d’un surloyer-indemnité, même après mon départ.
Malgré mes demandes répétées, le Gérard n’a rien fait pour partir. Ca devenait très pénible pour moi. J’avais de lourdes dépenses en réinstallation ailleurs et de remise en état ici, je courais dans tous les sens, j’étais sur les rotules mais le fait que Gérard ne veuille pas déloger allait me coûter quelque chose comme 20 000 € par mois dépassé dans avoir vidé. Je n’allais quand même pas appeler l’armée pour virer un ami aussi sympa n’est-ce-pas. Surtout quelqu’un d’aussi démuni, n’est-ce pas.
Une semaine ou deux avant mon évacuation, tout était vidé et remis en état sauf le loft de Gérard, le malheureux. En son absence, (il était alors en vacances dans une station de ski) je suis entré dans son loft et j’ai remis en état d’origine tout en ne touchant pas du tout à ses effets personnels. Certes l’endroit restait donc encore occupé par le gentil Gérard mais sur le plan technique son local était redevenu comme lors de mon entrée dans les lieux (plus de Vélux, plus de point d’eau, plus de prises de courant, plus de radiateur)
Et bien quand il est rentré tout bronzé, le Gérard, il est allé porter plainte à la Police pour violation de domicile. Bin oui, ce n’est pas parce que t’es pauvre qu’on doit te manquer de respect et se permettre d’entrer chez toi comme dans un moulin et déséquiper ton logement. C’est dégueulasse, scandaleux ! C’est ce genre d’abus hyper abusifs qui poussent les gens à bout !
Devant un juge de conciliation, j’ai dû m’expliquer de ma très grande faute et présenter mes plus plates excuses à Gérard.
Depuis, je fais comme vous qui sembez être nés sages.
Désormais, quand je vois un type qui expose sa situation misérable, je lui écris un petit mot, je lui donne un conseil, je lui mets un peu de musique. Mais je ne lui donne jamais mon adresse.
Ce n’est pas la seule chose qui m’ait déçu dans la vie, loin de là, mais ça en fait partie.
Tiens, tout de même, il y a deux personnes qui ne m’ont pas déçues et c’étaient des Normands, des Picards. Un Georges Ed.... et un Jean-Charles Sallem.... Coucou à eux s’ils passent par ici.
Au fait, cher Blartex, l’angoisse de la BAL, je comprends, j’ai connu ça moi aussi. Je te souhaite plein de bonnes choses.
26/08 05:45 - vinvin
JE PENSE QUE LES GENS DÉSESPÈRES NE SE SUICIDENT PAS POUR MOURIR, MAIS POUR EXISTER ! Le grand (...)
26/07 21:37 - Blartex
Ces réponses sont à l’image de « notre » France. Du bon, du mauvais. Mais quand donc (...)
23/07 09:20 - foufouille
" Encore une fois, je ne dis pas que c’est bien. Je constate juste que ces gens, malgré (...)
23/07 07:32 - JL
@ massaliote, j’ai pu lire sur ce fil votre intervention en faveur de phiconvers après sa (...)
22/07 22:09 - thomthom
« Donner de l’activité digne, rémunératrice et accomplissante pour tous, ça c’est (...)
22/07 22:06 - thomthom
Foufouille Bien entendu qu’il y a un écart de prix significatif entre la France et ce (...)
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