Pour contourner les limitations, les politiques ont créé de nombreux « partis satellites ».
De 28 en 1990, leur nombre est passé à 255 en 2004 selon la CNCCFP. Rien n’empêche ces petits partis de reverser ce qu’ils touchent à un grand parti. L’UMP a ainsi bénéficié de 26 520 euros de la Formation Boutin.
Cette pratique est tout à fait connue de la CNCCFP. « Ce n’est pas pas illégal, on ne peut même pas parler de magouille. C’est une astuce pour récolter plus de dons », conclut la CNCCFP.
A QUOI SERT REELLEMENT CETTE COMMISSION ?
Dans les vingt-sept cartons constituant les comptes de campagne de Nicolas Sarkozy, la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP) a néanmoins repéré que « trois dons de personnes physiques dépassaient le plafond légal ». Même si, « dans l’exercice de son pouvoir d’appréciation, la Commission a jugé que cette irrégularité n’était pas d’une gravité suffisante pour entraîner le rejet du compte », se contentant de diminuer le montant du remboursement forfaitaire.
De toute façon, précise la CNCCFP, « la sanction du rejet du compte n’est pas, comme pour les élections législatives ou locales, l’inéligibilité, mais uniquement la privation du remboursement forfaitaire des dépenses de campagne par l’État
Si les soupçons à l’encontre d’Éric Woerth sont confirmés, il s’agirait donc d’un retour aux années 1980-2000, dont l’atmosphère politique avait été empoisonnée par les « affaires ».
Tous les partis de gouvernement avaient été en effet, à l’époque, inquiétés par la justice. Les deux condamnés les plus célèbres sont Henri Emmanuelli (financement illégal du PS par le bureau d’études Urba) et Alain Juppé (emplois fictifs du RPR à la mairie de Paris). Certains ont en revanche été amnistiés par le Parlement (« caisse noire » du CDS : Pierre Méhaignerie, Jacques Barrot, Bernard Bosson), d’autres blanchis par la justice (Gérard Longuet pour le Parti républicain, Robert Hue pour le PCF).