Je vous rejoins, Caleb Irri, lorsque vous pointez du doigt le capitalisme. Il est effectivement une machine infernale conçue dans le but d’accumuler indéfiniment des biens matériels par tous les moyens et, à ce titre, une des principales causes du gaspillage actuel des ressources naturelles. Et c’est justement la raison pour laquelle les « objecteurs de croissance », autant que je sache, sont tous extrêmement critiques vis-à-vis du capitalisme. Je ne pense pas qu’on puisse dire qu’ils sont encore dans le système, sous prétexte qu’ils parlent de la rareté des ressources naturelles. Affirmer cette rareté, contrairement à ce que vous dites, n’est pas être victime d’une illusion capitaliste. Dans les années 70, à l’époque où les objecteurs de croissance ont commencé à être à la mode, l’idéologie dominante était consumériste et productiviste. Le discours des objecteurs de croissance était encore très marginal, et n’avait aucun intérêt pour la plupart des capitalistes. C’est depuis peu que les idées écologiques ont été récupérées par le capitalisme. Conclusion : ce n’est pas parce qu’une idée est récupérée (et au passage déformée, voire vidée de sa substance) par le capitalisme, qu’elle est en soi mauvaise. En tout cas, il ne s’agit pas d’une invention des capitalistes.
Au sujet de cette récupération, déjà prévue en 1974, cf. cette page d’André Gorz .
Dernière chose : le capitalisme n’est tout de même pas la source de tous les maux. Bien avant son apparition, les hommes ont eu du mal à utiliser raisonnablement les ressources naturelles (exemple, l’agriculture mésopotamienne, déjà trop productiviste il y a des milliers d’années !). Et il est probable que cette difficulté continuera à exister, sous d’autres formes, après la disparition du capitalisme.