Votre témoignage est très intéressant. Tant de gens parlent des banlieues et proposent des solutions pour les rendre plus vivables sans y avoir mis le pied.
J’ai vécu toute mon adolescence dans la cité HLM d’une petite ville de province. Je trouvais mon environnement joli, avec des fleurs partout, des arbres, des jeux pour les gamins. Personne n’abîmait rien. L’ambiance était bien différente. Les gens allaient au boulot, les mômes étaient tous à l’école. Le soir, en été, les gens fumaient et discutaient sur des bancs au bas des immeubles. Les jeunes se draguaient dans les caves ou réparaient leurs mobylettes. Le samedi, les hommes descendaient laver leur voiture et toute la famille allait ensuite faire les courses au Mammouth du coin. Des concierges gardaient les locaux propres, faisaient de menus travaux et surveillaient les lieux pendant les vacances. Il y avait bien quelques disputes quelquefois, les murs étaient minces et les voisins bruyants quelquefois, mais sans plus. Pas de problème de sécurité après 10 h du soir en tout cas.
Maintenant, cette cité est devenu comme un ghetto. Plus de fleurs, les jeux pour enfants ont été cassés, les arbres arrachés, les murs sont taggés et les sacs d’ordures éparpillés partout. Personne dehors le soir.
Je me demande souvent ce qui a fait tout basculer.
Personnellement, je pense que la raison principale est le chômage de masse, qui a perturbé tous les équilibres sociaux, qui a créé des divisions fortes entre les chanceux et les autres. La privation d’emploi a fini par aigrir beaucoup de gens et détruit leur confiance en l’avenir.
Bref, à mon avis, sans lutte efficace contre ce cancer, aucune politique ne marchera vraiment. Si tout le monde a un travail et s’en trouve relativement bien, le reste devrait suivre.