" Et vous vous êtes tout à fait neutre dans cette histoire bien évidement." : Bien entendu.

J’aurai aussi pu rappeler les progrès réalisés en terme de santé et d’éducation, qui sont assez significatifs.

Le problème est que Chavez ne fait pas du social, selon moi. Il ne prends pas soin d’une partie de son peuple pour qu’il se développe, mais pour l’utiliser.

Cet homme est suspect à mes yeux. Il use du populisme à outrance pour cacher les failles réelles de l’économie du pays afin de préserver sa position pour l’avenir.

Si les experts louent le désendettement, ils critiquent la pétrolo-dépendance toujours massive du pays. Une fois cette ressource tarie, Chavez ou ses successeurs n’auront plus rien pour financer les programmes sociaux et économiques. D’autant plus que le MERCAL (le système de vente parallèle de biens de première nécessité à bas prix) n’est pas correctement appliqué : tout le monde peut s’y servir, alors que seuls les vrais nécessiteux devraient pouvoir y aller. La classe moyenne se précipite dans ces magasins, achetant à vil prix des denrées qui manquent ensuite aux vrais pauvres.

Conséquence : les petits commerçants sont en crise. Ayant perdu une bonne partie de leur clientèle, ils mettent la clé sous la porte.

Autre effet indésirable : voyant qu’ils ne peuvent réaliser des profits sur certains produits, les agriculteurs vénézueliens abandonnent certains secteurs. Le lait a un prix fixé par l’Etat situé en dessous du prix de revient. Les fermiers locaux ont donc abandonné la production et quasiment tous les produits laitiers sont importés. De Colombie. Je vous laisse imaginer la couleur du café de Caracas en cas de guerre avec Bogota...

Mais ce qui me fait le plus douter de la probité de Chavez, outre son soutien clairement affiché à des pays de forte tradition démocratiques et libérale comme l’ Iran, la Corée du Nord et la Syrie ou la Lybie, c’est son omniprésence médiatique.

On critique avec raison Sarkozy et sa présence dans tous les médias et sa manie de mettre des amis à lui à des postes stratégiques, mais à coté de Chavez, c’est un rigolo : depuis son arrivée au pouvoir, Hugo a passé l’équivalent de 318 jours à parler à la télé ou à la radio !

Chavez s’est octroyé une émission hebdomadaire, et télés et radios publiques comme privées ont pour ordre de passer un discours hebdomadaire d’une heure pleine !

Et comme par hasard, les médias soutenant l’opposition ont plus de difficultés que les autres à obtenir de nouvelles fréquences ou même à pouvoir garder les anciennes...

D’un coté on a un mieux être social, mais de l’autre on a une absence de nouveaux investissements, du népotisme en veux-tu en voila, de la corruption, de l’utilisation obscure d’une partie des revenus pétroliers, une omniprésence médiatique et une volonté certaine de nuire à l’opposition, le tout agrémenté d’une bonne dose de paranoia ( vous l’avez lue, la lettre à Chavez ? Vous avez des preuves qu’on en veut à sa vie ? Avez-vous oublié que Robespierre usait régulièrement d’accusations de complots sans fondement pour envoyer ennemis et rivaux se faire décapiter ?) et de mauvaise foi ( Chavez n’est pas le premier à faire voter autant de fois qu’il faut pour avoir la réponse qu’il veut, mais ça en dit long sur sa moralité quand on sait qu’il avait promis d’accepter la première décisions, fut-elle contraire...), et vous saurez pourquoi je dis que Chavez n’est pas un saint, une icone de la Révolution. Il est anti-américain, mais pas anti-impérialiste : il ne veut pas libérer l’amérique latine de l’influence américaine. Il veut lui imposer son influence.