Affaire Woerth : Jean Bassères (IGF) avait été nommé par Eric Woerth.
Cela a été dit à plusieurs reprises. Le rapport de l’Inspection générale des finances (IGF) sur l’affaire Bettencourt-Woerth peut être considéré comme sujet à caution sur plusieurs points.
Pour le gouvernement et la majorité, l’enquête réalisée par l’IGF a blanchi Eric Woerth. L’opposition, au contraire, a souligné que l’IGF, et donc son patron, était directement placée sous la tutelle de Bercy qui lui a d’ailleurs commandé ce rapport. Une proximité qui entacherait son indépendance. De fait, Eric Woerth et son cabinet entretiennent en effet une relation particulière avec l’IGF.
Le successeur d’Eric Woerth au Budget, François Baroin, a chargé Jean Bassères, patron de l’IGF, de mener à bien ce rapport. Or, ce qui n’a pas été relevé jusqu’alors, c’est que ce dernier a été nommé à ce poste par Eric Woerth lui-même.
Le décret de nomination du 24 janvier 2008 annonçant le nouveau chef de service est bel et bien contresigné par Eric Woerth, alors ministre du Budget.
Par ailleurs, comme le soulignait un ancien chef de l’IGF interrogé par le Monde le 9 juillet dernier, le rapport n’a pas été commandé à l’IGF en tant qu’institution comme cela se pratique d’habitude, mais à son chef, Jean Bassères. « L’IGF n’a pas travaillé selon ses méthodes habituelles, collectives, contradictoires et inquisitoriales. Ce ne sera pas un rapport de l’IGF mais de son patron », expliquait-il.
Bassères a donc dû enquêter sur l’homme qui l’a conduit à occuper ce poste prestigieux. Sur le ministre mais aussi sur son cabinet, dont le directeur, Sébastien Proto, a commencé sa carrière… à l’IGF. Ajoutons que le prédécesseur de Sébastien Proto, Jean-Luc Tavernier, lorsqu’il a quitté le cabinet d’Eric Woerth a rejoint… l’IGF.
Enfin, la méthodologie utilisée pour rédiger ledit rapport est claire : « La mission a procédé à des investigations sur place et sur pièces et s’est attachée à corroborer les informations qui lui ont été communiquées ». Selon un bon connaisseur des procédures, les personnes ont été libres de témoigner ou pas et de livrer les pièces qu’ils voulaient bien fournir. Toutefois, le rapport stipule dès la première page que la mission « n’a pas rencontré d’obstacles dans le cadre du déroulement de ses investigations et a eu accès à des documents couverts par le secret fiscal ».
http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/politique/20100730.OBS7868/info-obs-affaire-woerth-basseres-igf-avait-ete-nomme-par-woerth.html