Votre accusation d’anti-américanisme supposé est un vieux cliché. C’est d’équité linguistique qu’il s’agit, il n’y a aucune raison pour que trois ou quatre pays bénéficient d’un avantage majeur.
Un exemple concret : si dans un groupe qui doit discuter professionnellement il y a un seul anglophone natif, il va s’excuser poliment qu’il ne parle pas le français (ou autre pays), du coup tous les autres, tout aussi poliment vont baragouiner en anglais. Une seule personne aura imposé sa langue à tous les autres.
« S’adapter ou survivre c’est darwinnien. »
Darwin ne se met pas à toutes les sauces. Vous citez De Gaulle fort justement, qui nous a évité l’humiliation de la tutelle. De Gaulle, en 1942, a-t-il dit qu’il fallait s’adapter à l’occupation allemande pour survivre ? Non, il a appelé à résister. Pareil pour l’hégémonie linguistique : ce que vous appelez darwinisme n’est ici que la loi du plus fort, pas la sélection du plus apte. L’anglais n’est pas la langue la plus apte à faciliter la communication mondiale en raison de sa grande difficulté, notamment phonétique (fort taux de dyslexie en GB) et ses nombreuses formes idiomatiques.
Darwin n’empêche nullement de réfléchir à une meilleure solution pour la communication mondiale que la sempiternelle lutte d’influence entre les empires. C’est justement pour cette raison qu’il y a eu tant de projets de langues construites. Seul l’espéranto s’est développé jusqu’à devenir une vraie langue vivante reconnue, minoritaire mais présente sur tous les continents. Les grands états freinent des quatre fers sa diffusion justement parce qu’ils sont soit dominants, soit nostalgiques, ou envieux de l’influence linguistique des autres.