Non, Le néant artistique abusivement appelé art contemporain est la lointaine
suite de la crise de la peinture déclenchée par le progrès technique
dans la seconde moitié du XIXe siècle. Sous l’effet de cette crise, la
religion de l’art inventée par le romantisme s’est trouvée privée de
sens. La délirante sacralisation de l’artiste par la philosophie
allemande, qui lui conférait le statut de voyant, de messie, de
philosophe, a basculé au XXe siècle dans l’absurde, le dérisoire, voire
l’abject. Tel est le prétendu art contemporain : une religion séculière
de la falsification de l’art, où l’adoration de l’art a fait place à
celle du soi-disant artiste, et où l’œuvre d’art se trouve remplacée par
n’importe quoi pourvu qu’il ne s’agisse pas d’art. Aussi bien tout cela
est-il aujourd’hui très vieux. Dès les débuts du XXe siècle, les
figures les plus radicales des avant-gardes avaient été au bout de la
logique du remplacement de l’art par n’importe quoi. Tout ce qui s’est
fait depuis dans ce sens n’est qu’une fastidieuse rabâcherie. Né de la
volonté politique de la classe dirigeante américaine au temps de la
guerre froide, le succès mondial du prétendu art contemporain est à
beaucoup d’égards un accident de l’histoire. Il n’en reste pas moins que
l’aberrant triomphe de cet ersatz d’art renvoie les sociétés
occidentales actuelles à leur profonde déculturation.
La grande falsification..... 