@ sonearlia En France
Déchets nucléaires
On risque de les avoir chez soi
Que choisir - Janvier 2010 page 4
C’est un arrêté qui était passé inaperçu, remercions la Criirad (Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité) de l’avoir dénoncé et attaqué devant le Conseil d’Etat, car il pourrait entraîner une augmentation sensible de notre exposition à la radioactivité. En mai dernier, le gouvernement a publié un arrêté autorisant l’ajout de substances radioactives dans les biens de consommation et les matériaux de construction.
Des substances radioactives dans les vélos, meubles, vêtements ?
Depuis les craintes exprimées par Que Choisir sur la question en 2000, lorsque la directive Euratom était en cours de transposition (QC n° 371), on croyait pourtant le risque d’introduction de déchets nucléaires dans les produits grand public écarté. En 2002, en effet, le code de la santé publique a réaffirmé l’interdiction d’ajouter des substances radioactives ou des déchets provenant d’une activité nucléaire dans les aliments, biens de consommation et produits de construction. Mais l’arrêté de mai 2009 autorise des dérogations pouvant conduire à une dissémination de déchets radioactifs. Consultée sur ce texte, l’autorité de sûreté nucléaire (ASN) a d’ailleurs émis un avis défavorable, rappelant que la loi du 28 juin 2006 sur la gestion des matières et déchets radioactifs « confirme l’absence de seuils de libération des radionucléides et interdit la dilution comme mécanisme d’élimination ». Le gouvernement est passé outre. Si l’arrêté n’est pas annulé, vélos, meubles, vêtements pour adultes et voitures pourront bientôt contenir des métaux, plastiques, ciments issus du démentèlement d’installations nucléaires.
Substances radioactives dans les biens de consommation : la Criirad proteste
AFP - 17 novembre 2009 - PARIS - La Criirad a lancé mardi une campagne contre l’ajout de substances radioactives dans les biens de consommation et les matériaux de construction, demandant l’abrogation d’un arrêté du 5 mai dernier, a-t-elle annoncé dans un communiqué. Cet arrêté a ouvert la possibilité de dérogations au code de la santé publique, permettant l’addition de radionucléides à des biens de consommation ou produits de construction.
Selon la Criirad (Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité), cinq produits seulement sont exclus des dérogations : aliments, produits cosmétiques, parures, jouets, matériaux en contact avec les aliments et les eaux.
Voici un an, le 19 novembre 2008, l’Autorité de sûreté nucléaire avait émis un avis défavorable sur le projet d’arrêté. Elle avait notamment fait référence à la « position constante de la France en matière de gestion de déchets nucléaires » visant à « éviter la dilution des déchets comme mécanisme d’élimination, notamment en les ajoutant à des biens de consommation ».
La Criirad, qui conteste devant le Conseil d’Etat la légalité de cet arrêté, appelle les consommateurs et associations à solliciter les ministres compétents.
Dans une lettre ouverte adressée le 6 novembre à Jean-Louis Borloo, Roselyne Bachelot et Christine Lagarde, la Criirad relève qu’il leur « incombait de limiter l’octroi de dérogations à des applications indispensables, apportant des bénéfices en terme de sécurité ou de santé, à la condition expresse qu’il n’existe pas d’alternative moins nocive et sous réserve de garantie sur la traçabilité des produits et leur récupération ».
« Il n’est pas acceptable, ajoute la Criirad, que des dérogations soient sollicitées pour commercialiser des gadgets (des montres aux aiguilles luminescentes par exemple) ou pour permettre aux producteurs de déchets radioactifs de s’en débarrasser à moindre coût en les diluant dans du ciment ou de l’acier »