L’éthique de la presse devrait être un ensemble de règles qui ne tiennent compte que des contraintes propres au champ médiatique (pour utiliser le terme de Pierre Bourdieu). Exemple : vérifier et citer ses sources.
De nos jours, des contraintes extérieures au champ médiatique, comme les contraintes économiques (audimat, rentabilité, concurrence, etc.) ou politiques (censure de la chefferie et des propriétaires, précarisation des journalistes, etc.), s’exercent de plus en plus sur ce champ.
L’incursion de ces contraintes, destructrices pour le champ médiatique, génèrent une information et des comportements dangeureux (pour la démocratie et pour les autres champs de la production culturelle). Ceux cités par M. Morin, mais aussi, la dépolitisation des usagers de l’information (qui est une politique en soi), la promotion d’une idéologie unique, etc.
Tant que ces contraintes extérieures continuent à s’exercer, il est illusoire de penser que l’éthique « pure » puisse retrouver sa place et sa fonction.
Solliciter les usagers et les journalistes pour renforcer l’éthique ne suffit pas. Il faut aussi inclure les organes de presse, les patrons de presse, les politiques, les producteurs culturels (artistes, scientifiques, juristes, philosophes, sociologues, psychologues, etc.).
Je fais allusion à la solution qu’a proposée Pierre Bourdieu dans son livre « Sur la télévision ».