Le dossier, qui comprenait au total des centaines de plaintes, est déjà passé devant la justice et entente hors cours il y a eue. J’aurai du le préciser et en souligner l’impact : aucun témoignage personnel ne fut publié en raison de l’entente hors-cours. La nouvelle concernait donc le fait que trois amérindiens décident de lever le voile sur leurs témoignages personnels. Jusqu’ici, nous avions eu droit à des généralités sans visages.
Évidemment, tous ne furent pas l’objet de sévices sexuels. Il n’en demeure pas moins que tous les enfants des amérindiens furent soumis à loi qui les déracinait. À elle seule, cette loi est l’un des pires sévices.
Aussi, il n’est pas question dans mon texte de blâmer l’Église catholique en lui donnant une quelconque exclusivité des sévices mentionnés. Plusieurs autres confessions furent impliquées, comme on le précise dans le reportage. Mais l’Église catholique était alors la plus importante.
Enfin, si l’affaire Outreau avait tout pour traumatiser la France voire l’Europe toute entière, la couverture médiatique canadienne de cette affaire nous a tout simplement confirmé ce que nous savions déjà à la lumière des nombreux procès contre les tenants des pensionnats : la déviance sexuelle s’étant à tout l’occident. Ici, il y a eu tellement de monde impliqué directement ou indirectement dans les abus par les autorités religieuses de plusieurs confessionnalités que rares sont ceux qui furent surpris ou traumatisés par les procès. C’était une fatalité attendue. Nous nous posions une seule question : « Qui serait le premier à déposer une plainte devant les tribunaux ! ». La seconde question était : « Combien d’autres suivront ? » Ils furent des centaines à gagner leurs causes forçant ainsi les gouvernements à conclure des ententes et à s’excuser. Mais les autorités religieuses impliquées ne se sont pas excusées en plusieurs cas, dont celui souligné dans le reportage.