Bonjour, Salsabil.
Merci à toi d’être venue partager ces modestes escapades auvergnates.
Tu as pleinement raison concernant la rareté de la parole : à cette époque les adultes vivant de l’agriculture, particulièrement en zone de montagne, ne s’épanchaient pas en longs discours, réservant la parole à l’essentiel. Même les sentiments ne donnaient pas lieu à des épanchements comme on peut en connaître en ville.
A l’évidence, tout cela était lié à la dureté de la condition, bien réelle. Et l’économie de la parole était à relier à l’économie des efforts consentis pour vivre en évitant l’épuisement ou la blessure de fatigue, catastrophique en pleine saison estivale.
Ceal dit, il est vrai que les enfants étaient moins tenus à ce silence et ils ne se privaient généralement pas de parler, et notamment de raconter tout ce qu’ils découvraient à l’école et dans les lectures. Tel était mon cas, au risque de casser les oreilles de ceux qui m’écoutaient durant la traite. Mais jamais ils ne se sont plaints, se contentant, de temps à autre, de se moquer gentiment de mon bavardage.
Désormais, tout cela a disparu. Avec l’arrivée de la télévision notamment. Mais aussi avec la mécanisation des exploitations. Dorénavant, la traite est en général faite par un seul exploitant à l’aide de machines modernes, les plus perfectionnés des élevages disposant d’une salle de traite où défilent les animaux dans un ballet bien rôdé et le bruit des mécanismes.
La fatigue est moindre, mais la poésie a disparu...
Salutations Amicales.