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Commentaire de Surya

sur Jour de vacances...


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Surya Surya 16 août 2010 20:06

Salut Fergus,

Quel magnifique texte !! Cette façon que vous aviez de savoir observer la nature et d’être en harmonie avec elle lorsque vous étiez enfant me fait penser à ce court et très beau roman de Tchekov, « La Steppe » (1), où les très belles descriptions donnent également l’impression du temps qui s’écoule tranquillement, au rythme de la nature.

Votre récit personnel est celui d’un enfant qui non seulement savait observer et aimer ce qui l’entoure, donc, mais qui savait aussi s’évader et rêver. C’est très poétique et plein de sensibilité. A peine terminé, j’ai eu envie de le relire. Il mériterait d’être plus long.
Je suis également allée lire 1965, un dimanche au village, un texte que je n’avais pas lu lors de sa publication. Bonne idée de faire des liens vers vos autres textes.

En tant que petite citadine, je n’ai pas pu vivre et ressentir la vie à la campagne et la nature comme vous avez eu la chance de pouvoir le faire. Les étés de mes huit à onze ans se sont déroulés en Auvergne, où j’avais remarqué également l’habitude des gens à parler très peu, mais aussi leur grande chaleur humaine une fois que le contact était établi avec eux. Les liens étaient souvent très forts, et on était au bord des larmes quand on repartait. Nous établissions ce contact avec les gens du pays par l’intermédiaire de leurs gamins, avec qui nous faisions connaissance, et ainsi nous avons pu un peu observer la vie dans les fermes, le travail qu’on y faisait, mais quand on est citadin, on ne ressent pas cela, on le découvre simplement, et on l’observe, mais c’est déjà pas mal.

Je garde moi aussi des souvenirs fantastiques des vacances passées lors de mon enfance, mais je n’avais pas de famille sur place, ce qui change beaucoup la donne, et pour vous dire la vérité, nous étions avec les copines et copains de notre âge, rencontrés dans les villages, de sacrés garnements, peut être est-ce l’éducation des seventies qui a joué, je ne sais pas, mais nous n’étions pas du tout surveillés ni encadrés par des adultes, et si on aimait la nature, elle représentait surtout pour nous le lieu rêvé pour faire librement toutes les co... pardon, les bêtises possibles et imaginables.
On passait la journée entière dehors, et une fois le dîner avalé, on ressortait parfois jusque tard dans la nuit avec comme projet, par exemple, une visite dans le cimetière du village à minuit tapantes pour se faire peur, jouer à Tarzan et Jane en se jetant, accrochés à une longue corde qu’on avait piquée dans une grange, du haut d’un arbre (on s’est fait sonner les cloches quand même pour la corde chapardée), la construction d’un camp d’indiens avec un totem qu’on peignait, des tipis, un foyer circulaire construit avec des pierres (on y faisait même du feu... !! ) ou, nettement plus intelligent, se lever à quatre heures du matin pour aller observer le travail du boulanger du village qui nous avait accueillis à bras ouvert, ou participer aux fouilles d’un archéologues de passage en l’aidant à creuser.

Ca changeait de la vie en appartement dans Paris où le seul vrai terrain de jeu que j’ai connu (en dehors des squares, des quelques parcs toujours surveillés et des trottoirs du quartier pour la marelle, le patin à roulette etc...) était un terrain vague résultant de la démolition d’un immeuble, où je me suis bien marrée pendant un certain temps après l’école avec une copine, avant qu’ils ne reconstruisent.
 
Mais le problème, c’est qu’on ne tenait pas en place. On ne savait pas écouter la nature, ni se fondre dans notre environnement. Je me souviens d’un pêcheur que nous avions accompagné (mais nous étions certes beaucoup plus jeunes) et qui n’a plus jamais voulu de nous car on avait fait fuir les poissons tellement on avait fait de bruit, parait-il smiley
On n’arrivait tout simplement pas à rester là, à attendre patiemment, en silence.

C’est ce que j’aime dans votre texte, cette impression qui s’en dégage que votre environnement était une partie de vous même, que vous saviez le comprendre et vivre à son rythme.

Très bonne soirée à vous,

(1) pour les personnes qui ne connaissent pas encore : voici le résumé du site evene.fr :
Première grande oeuvre narrative de Tchekhov, ’La steppe’ raconte l’histoire d’un enfant, Iégorouchka, qui se rend à la ville pour y fréquenter l’école, sur une charrette faisant partie d’un convoi qui transporte des balles de coton et se déplace d’une localité à l’autre à travers la steppe. Tout le récit est fondé sur les paysages qui composent la steppe et les sensations qu’ils évoquent à l’enfant.


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