Je ne savais pas que vous étiez à Paris quand vous étiez enfant. Je viens de lire votre beau texte « Je me souviens ». Ce texte, de part l’année où cela s’est déroulé, m’a fait penser aux 400 coups de François Truffaut, même si évidemment l’ambiance décrite n’était pas la même, surtout parce qu’il porte aussi sur la découverte du 7ème art, et sur les salles de quartier.
Ainsi, vous avez également connu le plaisir de vous faufiler entre deux panneaux d’une palissade pour entrer dans un terrain d’aventures et de découvertes.
On jetait nos cartables dans un coin, et c’est drôle ce que peuvent devenir une vieille machine à laver désossée ou un tas de gravas dans la tête d’un môme.
Quand j’avais sept ou huit ans, 71 ou 72, il existait je ne sais plus où (porte de Versailles peut être) un truc qui s’appelait le Salon de l’Enfance, c’était gigantesque et il y avait des centaines de stands avec des jeux, de l’escalade, des trucs à créer, des tas de trucs à faire. On y allait et une fois payée l’entrée, on était libres d’aller où on voulait et de faire tout ce qu’on voulait. Une année, on y a été avec ma classe, et ils y avait un stand sur le thème de la Lune, ils avaient reconstitué sur un grand espace le sol lunaire (c’était l’époque des missions Apollo, donc...). On se baladait et on jouait dessus. J’étais complètement partie dans mon truc, et quand je suis redescendue, j’étais super contente et j’ai dis à la maîtresse que c’était vraiment génial, j’étais vraiment heureuse car j’étais allée sur la Lune !! Je devais avoir l’air d’y croire vraiment, car elle m’a regardée bizarrement, et elle m’a dit, l’air très inquiète pour moi : mais enfin, ce n’est pas le vrai sol lunaire ! Je lui ai alors répondu, soudain très déçue, que je le savais bien, et qu’elle avait tout gâché. Je crois qu’en tant qu’enseignante, éducatrice en partie responsable de ce qui se passait dans nos têtes d’enfant, elle a dû considérer comme son devoir de me faire redescendre de mon petit nuage...
Je me demande si je me souviendrais de cette anecdote si elle avait réagi en entrant dans mon jeu.
C’est vrai qu’on a adoré cette visite chez le boulanger. On y est restés depuis l’aube jusqu’à l’ouverture de la boutique, on a tout vu de la fabrication des pains et des viennoiseries. Le boulanger a été vraiment formidable de gentillesse et de patience avec nous, ça n’a pas dû être facile d’assurer normalement son travail avec une demi douzaine de gamins dans les pattes, qui le bombardaient de questions.
A+ 