Parler du suicide,
certes, mais pour en dire quoi ? Ça demeure pour moi un mystère.
Ma femme s’est suicidée
en 1980 : elle avait alors 33 ans, et mon fils 8 ans.
Comment expliquer un
suicide a en enfant quand on n’a rien compris soi-même ? Quoi lui dire ?
Son suicide a coïncide
avec la mort de sa grand-mère et l’agonie d’un mariage qui ne battait même plus
de l’aile.
En fait, et cela je
ne l’ai compris que beaucoup plus tard, ce n’est pas tant le couple qui battait
de l’aile, c’est elle qui était déjà en train de couler. Elle battait des bras.
La mort de sa grand-mère
a été le facteur déclenchant.
J’ai déjà été mal
dans ma vie, j’ai fait une dépression gratinée il y a 7 ans, mais l’envie de
mourir ne m’a jamais effleuré.
Dans une bonne dépression,
on n’a plus envie de rien du tout : même pas de mourir.
Je ne comprends toujours
pas pourquoi on peut en arriver au suicide.
Peut-être suis-je
trop trouillard. Si c’est ça, alors,
tant mieux.
Parler du suicide
n’est pas tabou, et ne pas en parler, ça n’est pas un crime non plus.
Il est préférable
parfois de se taire plutôt que dire des bêtises.
Le problème, ça n’est
pas tant que le suicide soit tabou, c’est que c’est un mystère insondable.
NOTA
"Il vaut mieux
se taire et passer pour un con plutôt que de parler et de ne laisser aucun
doute à ce sujet." Pierre DESPROGES