Souvenez-vous !
A Coursan, une petite ville de l’Aude de 6000 habitants près de Narbonne, quatre enfants d’un même collège ont tenté de se suicider. Chloé, 15 ans, hospitalisée dans un état grave, est morte le jeudi 24 juin 2010 au matin.
A Evian-les-Bains (Haute Savoie) une fillette de 10 ans a été retrouvée pendue dans sa chambre mardi 10 août 2010 au matin.
Ce même jour, une fillette de 11 ans s’est suicidée mardi en se pendant à l’aide d’un foulard dans sa chambre à Cavaillon (Vaucluse).
Dans le post d’hier : Xavier Pommereau, psychiatre et auteur du livre « L’adolescent suicidaire » répond à la question : Un suicide à 10-11 ans est-ce un acte exceptionnel ?
« Oui, cela reste un acte rare. Il faut savoir que l’on compte entre 600 et 800 suicides par an chez les 0-25 ans. »
« Ainsi, chez les moins de 15 ans, le nombre de suicides est de 10 à 15 par an. C’est pour cela que l’on peut dire qu’une fillette de 10-11 ans qui se donne la mort reste un acte assez rare. Mais cette tendance risque de ne pas aller en s’améliorant. On observe depuis ces cinq dernières années un rajeunissement de l’âge des suicides. Le seuil baisse à 13 ans. Le curseur s’est déplacé et l’on rentre dans l’adolescence bien plus tôt qu’avant. Il est tout à fait probable qu’il y en ait d’autres. »
« La question du suicide est intimement liée à un sentiment de solitude. Par ailleurs, l’acte suicidaire est rarement prémédité depuis des mois chez les personnes jeunes. Ils ne macèrent pas longtemps leur suicide, mais macèrent depuis longtemps leur mal être »
« Une dispute, une mauvaise note peut constituer l’élément déclencheur, la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Mais personne ne se suicide pour une dispute avec sa mère. Il y a toujours une cause plus profonde au suicide »
Texte
Il n’y a rien de plus terrible pour un parent que de perdre son enfant…Mais perdre son enfant parce que comme le disait Soleen Poivre d’Arvor, il n’aime pas la vie, c’est se retrouver face à une réalité cruelle : je n’ai pas su lui faire aimer la vie.
Céline allait avoir 22 ans lorsqu’elle s’est pendue dans son petit appartement de Sallaumines. Elle ne m’a laissé aucun message sauf des vers griffonnés sur une page de cahier, le monologue d’Hamlet « Etre ou ne pas être ».
Lorsque j’entends la chanson d’Yves Duteil, mes larmes coulent. Je n’ai pas su prendre mon enfant par la main et l’emmener vers demain.
Une amie m’a dit : « Il te faudrait une tribune pour pouvoir exprimer ta souffrance ». Le Web est devenu cette tribune et au fil du temps ; des jours, des mois, des années, j’ai voulu raconter l’irracontable dans un blog : http://mon-impossible-reve.kazeo.com/
Puis un jour j’ai trouvé ce témoignage de Madame Agnès FAVRE qui, 10 ans après le suicide de sa fille Sarah, a eu le courage de venir témoigner face aux médias.
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- Dailymotion - France 2 L’envol de Sarah - une vidéo Actu et Politique
Courage oui, car parler du suicide est tellement tabou. C’est un sujet qui fait peur. Il est plus facile de se dire que cela n’existe pas …ou que cela n’arrive qu’aux autres…
Pourtant, il faut en parler. C’est un véritable fléau de santé publique. En France, aujourd’hui, une adolescente sur huit fait une tentative de suicide. Chaque jour en moyenne, deux jeunes de 15 à 24 ans réussissent à mettre fin à leur vie.
Je parle essentiellement des jeunes en tant que maman, mais toutes les tranches d’âge sont concernées :
En 2009, le Professeur Michel DEBOUT, Président de l’Union Nationale pour la Prévention du Suicide déclarait :
« Il y a urgence à réagir. Nous ne pouvons pas assister au délitement du lien social, au développement de la souffrance psychique sans réagir à la crise humaine qui s’annonce. »
« C’est pourquoi l’UNPS alerte les pouvoirs publics et tous les acteurs médicaux, sociaux et associatifs de notre pays pour la mise en œuvre d’un plan sanitaire et solidaire qui devra compléter le plan de relance économique et social proposé par le Gouvernement parce que nous ne nous résoudrons jamais, à ce que précarité et suicide soient considérés comme une fatalité. »
La souffrance qui mène au suicide ne se voit pas, ce qui rend le phénomène suicidaire d’autant plus difficile à appréhender et à prévenir.
Alors que sont dénombrés environ 195 000 cas d’hospitalisation par an liés à une tentative de suicide et qu’1 personne sur 4 déclare avoir été directement concernée par le suicide d’un membre de sa famille ou d’un ami proche, le fait suicidaire est encore sous-estimé par la société française et insuffisamment étudié.
Une étude menée par la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques du Ministère de l’emploi, de la cohésion sociale et du logement (mai 2006) démontre que :
La France est l’un des pays industrialisés les plus touchés par le phénomène du suicide.
Avec plus de 11 000 décès par an en France, le suicide est la première cause de mortalité chez les 35-44 ans et la deuxième cause chez les 15-24 ans.
Ces chiffres, déjà considérables, ne prennent cependant pas en compte les suicides « déguisé » en accidents –conduites addictives, chutes et accidents de la route notamment.