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Commentaire de easy

sur Beaucoup d'hypocrisie autour de la question des Roms


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easy easy 24 août 2010 08:49

Les hypocrisies, si on commence à en faire l’inventaire, on va y passer mille et une nuits.

Je vais parler d’autre chose.

Un jour, dans une ces prisons modernes de la RP, il y a eu un commando qui avait attaqué la porte (isolée avec un no man’s land autour) depuis l’extérieur donc et avec une roquette. Ce commando a pu libérer son membre.
Tout le monde était sur le cul. Nul n’avait pensé qu’une telle opération était faisable.

Et il y a bien entendu des tas de choses étonnantes qui se produisent ici et là.
Bien, mal, on s’en fout ici.
Enfin...on s’en fout, pas toujours. Il y en a parmi nous qui souffrent énormément quand ils découvrent que ce à quoi ils croyaient n’est ni universel, ni définitif.

Moi, j’adore découvrir chaque jour que des choses que j’imaginais infaisables, le soient.
Là où je voyais des murs, des impossibles, paffff, ça explose et apparaissent des possibles. Non seulement ces possibles inattendus provoquent en nous une respiration intellectuelle mais ils nous aident aussi à intégrer le fait que rien n’est inamovible.


Je serais malade, dépressif, aboulique, si dans ce pays, je ne constatais pas, de temps en temps, qu’il est possible de vivre autrement.

C’est un sujet qui est rarement débattu (en fait je n’en ai jamais entendu parler. Mais certains l’auront déjà compris, je suis inculte) : nous avons, (je crois que ça vaut pour nous tous) besoin de constater des alternatives, d’habillement, de musique, de littérature, de manière de gagner sa vie, de manière de se conduire, de manière de manger, de manière de faire l’amour, de planter les choux, de danser sur le pont d’Avignon...

Bien/Mal, ce n’est pas capital. Ce qui compte c’est de constater des alternatives à toute chose. J’irais jusqu’à dire que Bien/Mal est un bidule qui nous permet de nous regrouper entre personnes convenant de ne pas s’entretuer pendant notre sommeil. Bien/Mal nous permettrait donc de sauver notre vie. Alors que le spectacle des alternatives, même quand nous les décrions et condamnons, sauvent notre équilibre psychique.


Oui, je crois qu’en dépit des apparences, l’Inquisiteur qui jette au feu des hérétiques, a besoin pour sa bonne santé morale de voir qu’on peut penser ou faire autrement que lui.


Le spectacle ou le constat de vies alternatives nous est salutaire, j’en suis convaincu.

Tiens, pour ceux qui me suivent encore, on pourrait même considérer que toute torture infligée à des gens ayant tendance à être différents, augmente notre confiance en nous.
Bin oui. Le bourreau, avant d’avoir commencé ses expériences, se dit,parce qu’il a mal quand il trébuche dans un escalier, qu’il est très fragile et angoisse donc. Mais quand il constate qu’après avoir torturé pendant des heures un type avec une barre de fer, il n’est toujours pas mort, il se dit que l’homme est décidément coriace et se rassure sur lui-même.

J’en viens donc à croire que ceux qui font souffrir les nomades, testent les limites du genre humain. Ils leur imposent, soit directement soit par procuration, toutes sortes de fers en espérant apparamment qu’ils en crèvent mais en espérant au fond, qu’ils survivent. 

Le problème c’est que comme dans une lapidation où chacun teste la résistance physique du malheureux en lui laissant une possibilité de survivre mais que par l’effet du nombre le supplicié en crève, les tests de résistance que chacun de nous impose aux Autres (nomades ou punks ou cathos ou laïques ou techno) conduisent souvent à la mort. 

Il y avait de ça dans le comportement des colons d’Amérique envers les Indiens, dans le sens de l’extermination. Mais aussi dans le comportement des baleiniers envers les baleines dans le sens de l’abondance. Whahhhh quelle mine que les baleines, puisons puisons dedans, c’est inépuisable, puisons, explorons cet infini. Mais arrive un moment où l’on parvient, par l’effet du nombre des assaillants, à exterminer vraiment, à empêcher toute chance de survie. 

Il y en a qui me suivent encore là ?


Je dis que le specacle qu’offre un mendiant, s’il semble tout avoir d’un repoussoir dans le conscient, constitue aussi pour notre inconscient, une respiration mentale, une fenêtre, une possibilité d’échapper de l’asile. Car vous le savez les amis, conscient et inconscient dialoguent et ferraillent.


« Si je tombe, je pourrais toujours mendier et dormir sous les ponts » C’est cela que nous devons pouvoir avoir comme perpective ultime. Exterminer les clochards c’est nous interdire cette dernière chance.

Interdire la nomadisation c’est s’interdire de nomader, de voyager, c’est s’enfermer, se pétrifier.

Alors amusons-nous à torturer la grenouille pour voir sa capacité à survivre, torturons les gens du voyage pour découvrir leurs capacités de résistance. Mais gare à nous si épuisés, ils finissent par s’aligner et se ranger à leur tour. 


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