@ Furax (du 2 à 15 h 05)
Merci de nous rappeler ce beau
texte du Père Supérieur de Tibhirine.
Mais je vous rappelle (ou vous
apprend) qu’il était lui-même, avec ses frères les autres moines, confronté au
problème qui nous occupe ici. Lui (Christian de Chergé) voulait qu’ils évitent
de chanter les psaumes faisant appel à la haine et à la violence. Eux voulaient
les chanter puisqu’ils faisaient partie du "patrimoine ancien, hérité des
Pères du Désert, qui avaient chanté ces poèmes bibliques dès les premiers
siècles de l’Eglise« …/… »La communauté ne permettrait jamais que le
zèle de Christian ménage d’hypothétiques susceptibilités musulmanes au prix
d’une atteinte à ce qui leur était le plus cher. Si certains versets devaient
offenser un visiteur, il suffisait de les lui expliquer. Mais ils n’avaient
aucune raison de scandaliser les musulmans puisque le Coran affirmait
clairement que les psaumes avaient été donnés à David par Dieu lui-même
(sourate 4, verset 163)."
J’ai pris ces lignes à la page
175 du beau livre de John Kiser, traduit par Henry Quinson, "Passion pour
l’Algérie, Les Moines de Tibhirine, L’enquête d’un historien américain"
(éd. Nouvelle Cité 2006).
Plutôt que de vouloir se rassurer
comme le font toujours les croyants superficiels, en cherchant dans les textes
sacralisés par les religions, la leur et celle des autres, la confirmation que
les appels à la violence sont bien de Dieu, les moines de Tibhirine auraient mieux fait de faire appel à la
raison profane. Celle-ci enseigne que, très logiquement, des appels à la haine
et à la violence entraînent des violences effectives.
Vouloir, comme l’enseignent
toujours l’église catholique et les autres institutions monothéistes, qu’il
suffit d’avoir la « bonne interprétation » des horreurs prétendument
commandées par Dieu dans les textes sacrés, c’est une folie tragique. C’est de
cette croyance EFFECTIVEMENT ET DURABLEMENT criminogène que les monothéismes
doivent se débarrasser.
Même ET SURTOUT si les plus hauts
responsables religieux, comme aujourd’hui Benoît XVI, leur demandent de les
conserver.