@ toutes et tous ...

c’est visiblement très difficile de parler des événements du 11 septembre 2001 sans immédiatement déchainer les passions ... surtout les passions croisées de haines inexpiables entre « truthers » et « anti-complotistes ».

Je n’avais pas pour but de parler des attentats, enfin des avions, enfin bref, de tout cela. Cela ne veut pas dire que je ne m’y intéresse pas, pas plus que cela sous-entend que je n’ai pas ma propre opinion. Simplement, sur ce sujet - plus que d’autres encore - tout a été dit et redit et redit encore depuis des années. Ici comme ailleurs.

En revanche, je voulais traiter des conséquences très concrètes dans une ville que je connais pour y être allé plusieurs fois, et que j’aime beaucoup. J’y ai aussi des amis, qui y vivent et sur lesquels pèsent les conséquences locales du 11 septembre 2001. Visiblement, Ground Zero n’intéresse pas grand monde, et il y a peu d’empathie pour les habitants de cette ville. Elle a l’immense tort d’être américaine !

S’il y a pourtant une ville qui ouvre les USA sur le monde par son cosmopolitisme très poussé, c’est New York. Là bas, toute la planète y est représentée, et pas seulement à l’ONU. Se balader dans ses rues, c’est croiser un résumé certes partiel mais tout de même bien là de tous les visages de notre espèce. New York n’est pas toujours aimée ou soutenue par les américains du centre ou du sud du pays. Trop d’étrangers, trop européenne, trop multiconfessionnelle, trop asiatique, trop africaine, trop tout. Trop musulmane aussi. Bref, pas assez US ...

Ici c’est le contraire. NYC, c’est le résumé des USA et surtout dans ce qu’ils ont de pire. Pas terrible, de se retrouver entre deux feux.

Mais bon, moi, cette ville, je l’aime. Quand j’y vais, c’est toujours comme si je rentrais à la maison pour quelques temps. Je m’y sens bien, à l’aise, j’aime son univers, son âme. Comme j’aime Paris, ou Istanbul. J’aime ces villes univers qui ont un quelque chose que tout homme, toute femme porte au fond de lui. Des villes qui nous résument en quelque sorte.

Alors, oui, Ground Zero, je comprends que ça les emmerde. Depuis le temps que ce cratère est là ... Que rien ne se passe alors qu’eux, les habitants, passent chaque jour devant, encore et encore, pour se souvenir, encore et encore de la peur, de la terreur, du choc, du chagrin d’avoir perdu un proche, un ami, une connaissance, un collègue. Ou simplement le vendeur de hotdog du coin à qui on achetait le miam du midi.

ils en ont marre, ils veulent que ça avance et que ca redevienne comme avant. Et, à défaut, qu’on efface cette blessure. Ils ne sont pas coupables, ce ne sont pas tous (loin de là) des traders pourris, ils sont souvent bien plus à gauche et ouverts que la moyenne américaine et même occidentale, ils n’ont pas soutenu W Bush. Mais, au nom d’une haine de l’amérique, ils ont droit aux lazzi, sifflets et au mépris de certains, ici ou ailleurs.

C’est dommage. Et injuste.

Un petit mot à Tom et à quelques autres habitants de NYC : j’espère qu’on se verra la prochaine fois que je viendrai, qu’on ira se balader avant de se prendre un de vos cafés qui font hurler les italiens mais que j’aime tellement ... cette lavasse qui, au moins, ne me file pas des palpitations cardiaques. Et pendant qu’on se sirotera ce truc marron, on refera le monde comme on le fait régulièrement. En confrontant nos points de vue d’européens et d’américains, d’amis. Loin des extrêmes.

C’est ça pour moi New York.

Manuel Atréide