6 février 1993. Le World Trade Center est secoué par une explosion.
Aujourd’hui, il est impossible de ne pas y voir une tragique répétition
des événements du 11 septembre. Mais c’est pour une toute autre raison
qu’il faut revenir sur le premier attentat contre les Twins Towers. En
1993, le FBI avait une taupe au sein de l’équipe des terroristes. Un
informateur si proche du sommet du réseau que le Bureau à pu suivre la
fabrication de la bombe. Mais, paralysés par une lourdeur administrative
et la peur du risque, les agents du FBI n’ont pas réussi à stopper une
opération dont ils connaissaient l’objectif en avance.
Alors
que l’Amérique s’étonne de l’échec de ses services de renseignements à
prévenir le 11 septembre, elle ignore les véritables raisons d’une autre
faillite : l’attentat contre le World Trade Center du 26 février 1993.
La première incursion des terroristes d’Al Quaeda sur le territoire
américain fait six victimes, plus d’un millier de blessés et un
demi-milliard de dollars de dégâts. Oussama Ben Laden avait rêvé d’un
bilan plus lourd, espérant faire chuter au moins un tour. Il attendra
huit ans pour voir dans toute son horreur sa vision se réaliser.
Quelques
semaines après l’attentat, les agents du FBI capturent un réseau de
terroristes agissant sous la tutelle du Sheik Rahman, un des guide
spirituel du Jihad islamiste égyptien et du réseau Al-Quaeda. Les hommes
du religieux aveugle préparaient une vague d’attaques contre New-York.
Le plan était ambitieux. Il s’agissait de détruire le siège des
Nations-Unies, s’attaquer aux symboles de la ville telle la Statue de la
Liberté et de créer une série d’explosions mortelles dans les tunnels
de la ville passant sous l’Hudson River. Au cœur de ce coup de filet
sans précédent, Emad Salem, une taupe du Bureau. Salem, la quarantaine,
est un ancien officier égyptien convertit dans la fructueuse chasse aux
terroristes. Pour un million de dollars et son admission dans le
programme de protection des témoins, Salem a permis au FBI de se donner
l’illusion de pouvoir peser sur les cellules terroristes.
La
collaboration d’Emad Salem avec le FBI New-York est en réalité à deux
volets. Alors que lors du procès du réseau Rahman, il n’est quasiment
question que de la deuxième partie, c’est la première, celle d’avant la
traque, qui est la plus troublante. En effet, Salem avait réussi à
gagner la confiance des terroristes et, en liaison avec ses agents
traitants à supervisé la fabrication de la bombe destinée au World Trade
Center. Et pire encore, confronté à une pression administrative en
désaccord avec la réalité du terrain, Salem a du renoncer à son plan
initial qui était de changer les composants de la bombe afin d’en
limiter les dégâts.
Le 24 juin 1993, alors qu’il vient juste
d’être admis dans le Programme de protection des témoins, Emad Salem se
confie aux US Marshalls chargé de sa sécurité. Depuis 1991, fatigué par
les incessants changements de cap de ses contacts au FBI, il a
systématiquement enregistré ses conversations. Avec certains des
terroristes mais aussi, c’est plus gênant, avec ses deux agents
traitants au FBI New-York : John Anticev et Nancy Floyd. Au total ce
sont plus de mille conversations que l’ancien officier égyptien a
conservé sur bandes magnétiques. Plus d’une centaine d’heures
d’enregistrements dont la lecture des transcriptions est édifiante. Car
elle permet d’affirmer que le FBI connaissait en avance les mortels
projets du réseau Rahman. En effet, dès le 6 mai 1992, Emad Salem
informe John Anticev de l’intention des terroristes de s’attaquer
prochainement à New-York. Plus troublant encore, dans l’étrange jeu du
chat et de la souris que se livrent limiers et malfaiteurs, la
transcription de cette conversation nous apprend que l’option attentat à
la bombe a été choisie après une suggestion de la taupe du FBI. En
effet, alors que les terroristes hésitent entre une vague d’assassinats
et des opérations spectaculaires contre la communauté juive de la ville,
c’est Salem qui suggère de s’attaquer à des lieux symboliques de Big
Apple. Placée hors contexte, cette information peut prêter à confusion
et amener injustement à croire qu’in fine, c’est le FBI qui a choisi le
premier objectif d’Al-Quaeda. En fait, Salem avait réussi à infiltrer le
réseau avec succès et à devenir le responsable de la sécurité du Sheik
Rahman. Dès lors, il ne peut faire autrement que de participer à ces
conversations préliminaires et à donner son opinion lorsque un de ses
“complices” la lui demande. Mais le plus important à retenir, c’est que
plus de neuf mois avant l’attentat contre les Twin Towers, le FBI sait.
Mais
il y a pire encore. Une des conversations, dont nous avons réussi à
nous procurer un enregistrement, entre Emad Salem et John Anticev au
lendemain de l’explosion du 26 février 1993 révèle le jeu dangereux joué
par le FBI. Ce jour-là, Salem, visiblement en colère, revient sur la
gestion de l’opération d’infiltration. Quelques semaines avant le 26
février, un supérieur de John Anticev a décidé de mettre fin à
l’opération. Le terrorisme n’est pas une priorité du FBI et il estime
que les moyens investi dans le projet sont trop important. Revenant sur
l’avancée de l’opération au moment de son soudain arrêt, Salem déclare
sans qu’Anticev le corrige : “ Nous avions déjà commencé à construire la
bombe qui a explosé plus tard au World Trade Center. Elle a été
construite sous supervision du Bureau et du District Attorney ( NDLR :
l’équivalent américain du Procureur de la République). Et nous étions
tous informé de cela, nous savions tous qu’ils avaient commencé à
construire la bombe. Et par qui ? Par votre serviteur et informateur
confidentiel”.
Les révélations de Salem sont graves. Non
seulement le FBI savait en avance de la préparation d’un attentat mais
grâce à son informateur, n’ignore pas non plus que le projet n’a rien de
théorique et qu’une bombe est en fabrication dans un garage du
New-Jersey. Et comme si cela ne suffisait pas, un autre enregistrement,
dévoile le plan original du FBI : “ C’est votre supérieur qui a tout
foutu en l’air. (S’il n’était pas intervenu), nous aurions construit la
bombe avec des faux explosifs et ensuite nous aurions capturé les
personnes impliquées dans tout cela. Mais ce n’est pas ce que nous avons
fait. Et nous en connaissons tous le résultat”.
En fait ce
que révèle Salem est terrifiant. Le FBI New York, clairement informé des
projets des terroristes, n’avait pas l’intention de prévenir
l’attentat. Mais d’altérer la formule de la bombe, laisse faire
l’attentat et ensuite réaliser un spectaculaire coup de filet. Une
stratégie dangereuse qui s’est avérée suicidaire et qui rappelle les
dessous d’un autre attentat : celui d’Oklahoma City. Là encore, le FBI
avait un informateur au cœur de la conspiration et là encore, dans son
soucis de contrôler l’opération depuis l’intérieur, à été dépassé par
les événements. Avec, là encore, la mort d’innocentes victimes.
Même
si le FBI est extrêmement discret sur l’incroyable gâchis de
l’opération Salem, même si au moment du procès du réseau Rahman, le
Bureau a utilisé ses réseaux dans les médias pour éviter de revenir sur
les mois précédents le 26 février 1993, il existe deux enregistrements
qui prouvent que le FBI New-York a mesuré pleinement l’étendue de sa
bavure.
Le premier est, une nouvelle fois, une conversation
entre Emad Salem et John Anticev. deux jours après l’attentat. Salem,
indigné, annonce son intention de prévenir le quartier général du FBI à
Washington des erreurs du bureau de New-York. Le Spécial Agent l’en
dissuade d’un : “ je ne pense pas que les gars de New-York
souhaiteraient que cela sorte du bureau de New-York pour aller jusqu’à
Washington.”.
La deuxième, cette fois-ci entre Salem et Nancy Floyd,
son autre contact au FBI, est la preuve indéniable de la responsabilité
des agents de New-York dans le premier attentat contre le World Trade
Center. Alors que son informateur lui raconte qu’Anticev ne souhaite pas
qu’il prévienne Washington, l’agent Floyd répond : “ Bien sur que non.
Ils ne veulent pas avoir leur têtes coupées”..
14/09 11:40 - Pegasus
« pfffff » Je dois prendre ça comme un réponse ? « C’est faux. » J’ai accès à (...)
14/09 11:37 - Mmarvinbear
Au fait Momo, j’attends toujours tes « preuves » ainsi que ta démonstration à ce sujet... (...)
14/09 10:43 - Philou017
ce n’est pas un coup de hasard extraordinaire ? pfffff Ce fut lui qui prit la (...)
14/09 08:45 - morice
ah pour une référence, c’est une référence, Guy Sorman... exemple dans son texte du jour (...)
14/09 08:36 - morice
14/09 08:35 - morice
Agoravox utilise les technologies du logiciel libre : SPIP, Apache, Ubuntu, PHP, MySQL, CKEditor.
Site hébergé par la Fondation Agoravox
A propos / Contact / Mentions légales / Cookies et données personnelles / Charte de modération