Cet article pourrait être perçu comme alarmiste si la
catastrophe de Tchernobyl n’avait pas eu lieu et si de multiples d’incidents
plus ou moins graves ne s’étaient pas déjà produits ailleurs, en France et dans
le monde. http://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_accidents_nucl%C3%A9aires On a tous en mémoire notamment le nom de
Three Mile Island. D’autres incidents d’un niveau moins élevé, en particulier
en France, n’ont pas eu la même couverture médiatique. En Europe, les risques
sont d’autant plus importants et difficiles à gérer que la densité de la
population est forte. Lorsqu’on a sous les yeux la carte des sites
d’implantation des centrales en France, http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Nuclear_power_plants_map_France-fr.svg
on voit bien que,
sans même envisager le cas extrême d’un Tchernobyl bis une population
importante serait impliquée en cas d’accident majeur. Cherbourg,, Bâle-Mulhouse
et Colmar, les villes situées dans le couloir rhodanien Genève, Lyon, Saint
Étienne, Valence, Avignon, Nîmes par exemple pourraient être menacées par des
fuites radioactives (gaz ou fluides) mal contrôlées.
Avec la proximité annoncée du déclin des énergies fossiles,
on va certainement assister à une promotion sans précédent de
l’électronucléaire dans le monde. Mais le nucléaire n’est pas le seul domaine
où se manifeste une prise de risques inconsidérée. Dans l’urgence, nous allons
prendre de plus en plus de risques dans la recherche et l’exploitation des
ultimes gisements fossiles ; forages pas toujours bien maîtrisés à des
profondeurs de plus en plus grandes, on-shore et off-shore, exploitation des
gisements potentiels sous la calotte glacière du pôle Nord au risque
d’accélérer sa fonte et de perturber les courants marins, exploitation des schistes et des sables
bitumineux mettant en danger l’équilibre du milieu naturel et les nappes
phréatiques, recours à des techniques très polluantes pour obtenir des
carburants liquides à partir du charbon.
Toutes ces solutions temporaires à risques élevés ne feront
au mieux que reculer l’échéance d’une, deux ou trois générations ; tout ceci au
prix d’une dépense colossale en moyens humains et financiers qui nous fera
défaut au moment ou les stocks non-renouvelables de toutes ces sources
d’énergies approcheront de leur épuisement.
Le meilleur calcul serait évidemment de nous épargner ces
étapes intermédiaires hasardeuses et de consacrer ces moyens humains et
financiers à préparer une mutation profonde de la société vers une société plus
sobre en énergie. L’énormité du chantier ne devrait pas nous faire peur en regard
du péril qui nous menace si nous ne nous y attelons pas dès maintenant. Mais
c’est sans compter avec notre comportement addictif à l’énergie facile et avec
les intérêts des puissances économiques dominantes.
Notre seule chance serait qu’une prise de conscience rapide
de la population la pousse à reprendre son sort en main et à entreprendre par elle-même
cette véritable révolution de société en commençant par une réorganisation de
la vie économique et sociale locale.