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Commentaire de user0000

sur Elections législatives au Venezuela : l'art du qui gagne perd !


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user0000 1er octobre 2010 12:36

Je suis très surpris des réactions à cet article. Certes, l’auteur ne porte pas le Président du Vénézuela dans son cœur, cela est clair. D’ailleurs, il ne s’en cache pas. Mais pour l’occasion il n’a pas besoin de recourir à des manœuvres de rhétorique idéologique alambiquée pour faire son point. Il a relevé ce qui est une évidence ; enfoncé la proverbiale porte ouverte.

Que l’opposition ait eu une percée « impressionnante » dans les élections législatives est guère étonnant. Après l’idiotie de « boycotter » les précédentes élections, ils ne pouvaient que faire une grande performance. Là où ceux que critiquent l’article décrochent de la réalité, c’est quand ils refusent d’accepter que frôler une majorité exceptionnelle a l’Assemblée Nationale (c’est-à-dire 3/5 des représentants) avec la moitié des votes exprimés n’est pas tout à fait normal. Ce l’est d’autant moins que la Constitution de 1999 prône dans son article 63 la proportionnalité comme principe du système électoral.

Pour ceux qui sont à peine atterris de la Lune, deux observations.

La première est pour répondre à celui qu’imagine que le cas du Vénézuela ressemble à celui dans pays normal où « les bons » essaient de se battre à l’intérieur d’un système pervers crée par « les méchants ». La Constitution du Vénézuela de 1999 à été le bébé du Président actuel. Promue, dirigée, votée sous ses auspices, et brandie par lui-même comme la meilleure et plus juste au monde.

La seconde, est un point technique pour élucider quelques malentendus. La représentation proportionnelle est le principe par lequel le nombre des votes pour chaque parti, correspond au nombre des représentants élus. Évidemment, comme il n’existe pas de démi- ou trois-quarts députes, le nombre est toujours imparfait. Donc, 50% des voix correspondrait à 50% des sièges à l’Assemblée a quelques (peu) de sièges près. Le système proportionnel voudrait aussi que le même nombre de votes donnent un représentant, où que ce soit sur le territoire. Et le système ne prévoit pas de prime à la majorité.

Alors, les plus informés pourraient dire que la constitution parle de système électoral proportionnel, mais qu’il y a une loi organique que règle le processus. Et c’est bien là le contentieux. La loi électoral (LOPE, Ley Organica de los Procesos Electorales) a été écrite de tel façon qu’il est techniquement impossible de garantir la proportionnalité, puisque elle a 1/ disjoint l’élection nominale de celle des listes, 2/ associée à un « charcutage » des circonscriptions digne de Elbridge Gerry. Et je ne détaillerait ici la disproportion des votes nécessaires pour élire un député en zone urbaine par rapport aux zones rurales.

Cet article ne fait que constater cet anomalie.

Même en ayant égalité des voix, le parti au pouvoir récupère 50% de sièges en plus (98 contre 65). Inutile d’invoquer la prime à la majorité, parce que au Vénézuela ce n’est pas prévue.

Seule conclusion qui en découle : le système électoral en cours n’est ni proportionnel, ni égalitaire, ni juste. Il suffirait de faire l’exercice d’honnêteté intellectuelle d’inverser les rôles pour s’en convaincre.

Alors, l’opposition perd. Peu importe la cause. De quoi se réjouissent ils au juste ?

Les partis d’opposition ont réussi à éviter de justesse que le parti au pouvoir ait une majorité exceptionnelle de 2/3, et même de 3/5. Ceci à des conséquences importantes sur la vie parlementaire, et pour le pays. Le parti au pouvoir devra apprendre à discuter pour faire approuver des lois fondamentales de la République, ou nommer les très hauts fonctionnaires. L’Assemblée Nationale ne pourra plus voter automatiquement les pouvoirs exceptionnels (permettant de gouverner par Décret Législatif) au Pouvoir Exécutif. Bref, on espère a l’amélioration du fonctionnement des institutions démocratiques.

À ceux qui crieront à l’obstructionnisme anti-démocratique, soyez rassurés : le président du Vénézuela a quand même un Parlement que lui est largement acquis. Il pourra faire voter ses Lois et ses budgets sans aucun problème. Et avec une si faible marge pour les 3/5, il pourra même réussir à passer des Lois Organiques. Mais ce que lui restera interdit c’est de changer les règles du jeu tous les deux jours.

Que l’on soit d’une part ou de l’autre, ou nulle part, la présence d’une opposition forte et organisée impliquée dans le processus politique devrait être saluée par tous. La démocratie a besoin de rendre difficile les abus et les excès du pouvoir débridé.

« Le pouvoir corrompt, le pouvoir absolu corrompt absolument. » — Lord Acton (1834-1902)


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