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Commentaire de sisyphe

sur Immigration : Après la fracture sociale, l'émergence d'une fracture culturelle ?


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sisyphe sisyphe 1er octobre 2010 14:22

Excellente analyse des problèmes posés non pas par l’immigration, mais par les obstacles de plus en plus difficiles, opposés à l’intégration. 


L’homme est, par nature, un migrant, ; nous sommes TOUS des migrants. 
Si ce n’était pas le cas, nous serions toujours en Afrique, et la terre encore à découvrir. 

Pour ce qui est de la France, sa population est un ensemble totalement hétérogène, et pourtant cohérent, de gens issus de l’ensemble de la planète ; l’Europe (ex Gaulois, Italiens, Polonais, Hongrois, Portugais, ex Yougoslaves), puis l’Asie (Viets, Chinois), l’Afrique (sub et sous-saharienne), les Antilles, les Amériques.... 
C’est ce qui fait, et a toujours fait la richesse culturelle de notre pays, dans la mesure où ces peuplades ont apporté avec eux leur propre culture, et que la culture française s’en est enrichie. 
C’est valable dans tous les domaines de la culture ; peinture, musique, littérature, architecture, théâtre, etc....

Il en est de même pour les croisements génétiques ; c’est un fait scientifiquement prouvé, que le mélange des gènes permet un enrichissement génétique, quand la consanguinité produit un dépérissement physique et intellectuel. 

Vous posez très bien le problème des barrières essentiellement SOCIALES (discriminations, chômage, échecs scolaires) opposées à l’intégration des nouveaux arrivants, et son corollaire inévitable ; le repli sur le communautarisme, de même que l’absence de repères spirituels et culturels communs, qui pousse vers un repli sur la religion. 

Oui, le problème est à examiner en fonction de ses CAUSES, et non de ses effets ; l’échec d’intégration venant, essentiellement d’un rejet social, et culturel. 
Comment s’intégrer à un pays si les conditions de cette intégration (acceptation des différences, des pratiques culturelles différentes) sont refusées ? 

Je suis globalement d’accord avec votre analyse, sauf sur un point(qui n’est pas que sémantique, et qu’il m’est déjà arrivé de développer) ; la question des « racines » ; parce que, pour moi, l’homme, être nomade par nature, n’est pas un végétal, et, même au sens allégorique, n’a pas de « racines » ; il a des SOURCES. 
Sources dont il est issu (sans qu’il en soit, d’ailleurs, responsable), et qui lui permettent de suivre son propre cours, se mélangeant à d’autres flux, s’enrichissant de leur limon, lui permettant de découvrir de nouveaux horizons, de nouvelles contrées où il lui est loisible de s’installer, de se « poser », quand d’autres sources continuent de l’enrichir de leurs apports. 
Ses sources originelles lui demeurent un point d’ancrage, vers lequel il peut toujours revenir, se ressourcer (on parle bien de retour aux sources), les enrichir elles-mêmes de l’expérience acquise, pour y demeurer, ou reprendre son cours, et se nourrir de nouvelles sources, qui contribueront au développement de sa compréhension du monde, des autres cultures, coutumes, pratiques, qui lui permettront une ouverture d’esprit qui faciliteront son adaptation au monde. 

Je dis bien que cette différence n’est pas que sémantique, parce que, sur un plan symbolique, la notion de « racine » induit un attachement à un territoire, une sorte d’appropriation exclusive, qui entraîne tous les racismes, les rejets, les exclusions. 
Dans les provinces françaises (et partout ailleurs), comme décrit par Pagnol, dans « Manon des sources », « l’étranger » était celui qui venait d’un village de l’autre vallée ; et, à ce titre, n’avait pas droit ni à l’assistance, ni à la reconnaissance, ni au soutien d’une communauté (le village) refermée sur elle-même, justement en fonction de cette notion de « racines », et, donc à qui on refusait la possibilité de son intégration. 

Quand la notion de « sources » permet, au contraire, l’acceptation et l’enrichissement de celui qui vient d’ailleurs, et apporte sa propre richesse humaine, culturelle, fertilisatrice. 

Globalement, donc, les problèmes d’intégration (qui existent, qui pourrait le nier ? ) viennent bien de raisons essentiellement SOCIALES, et sont particulièrement exacerbés, comme toujours, en temps de crise, où la facilité est, dès lors, de désigner comme responsables ceux qui en sont essentiellement les premières victimes ; groupes de boucs émissaires désignés comme responsables de tous les maux ; ce furent, en France, les Italiens, puis les Polonais, les Portugais, aujourd’hui les maghrébins et les noirs d’Afrique, quand ce n’étaient pas les Juifs.... 

Alors, s’il ne s’agit pas de nier les dérives induites par ce manque d’intégration (délinquance, oisiveté, replis vers un communautarisme, voire un radicalisme religieux), il reste que la seule façon de s’y attaquer reste, évidemment, de remédier aux CAUSES, quand la seule répression des effets (si elle reste, certes, nécessaire) a montré, depuis des années (empilement himalayen de lois sécuritaires et répressives, de « lois » sur l’immigration) sa totale inefficacité. 

Il ne me semble pas que le « centre » politique français (puisque vous parlez de Bayrou) soit le mieux placé pour ça ; il y faut plus précisément une politique globale, avec un ensemble de mesures (dont, en partie, celles supprimées par la droite ; relais sociaux, associations, police de proximité, démantèlement de l’éducation nationale, politique pré-scolaire) qui relèvent d’une vision d’ensemble du problème ; ni « angéliste », ni laxiste, ni tout-répressive, mais simplement socio-culturelle, et sociale ; plus juste redistribution des richesses, plus grande justice sociale, résorption des inégalités, fin des discriminations liées à l’emploi, système éducatif renforcé, pour assurer à tous les enfants de France, quelles que soient leurs origines, une égalité des chances, et leur permettre de se reconnaître et de s’intégrer dans la communauté française. 

Cette vision ne me semble, jusqu’à présent, portée que par les partis intégrant dans leur programme les dispositions permettant cette évolution ; à savoir ceux disposant d’une volonté de lutte contre le système profondément inégalitaire et ravageur du capitalisme ultralibéral, et de la globalisation financière totalement dérégulée. 

Le progrès social passe, nécessairement, par un changement RADICAL du système global ; seuls les partis qui prônent ce radicalisme me semblent aptes à entraîner ces changements.

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