Excellent article Voltaire, qui remet enfin les pendules à l’heure et pose les vrais problèmes. Personnellement, je pense qu’on n’a pas à attendre des « 2ème », « 3ème » générations (je parle des personnes dont les deux parents sont d’origine immigrés, et qui baignent donc durant leur enfance dans la même culture d’origine de leurs deux parents) etc... qu’ils « s’intègrent », c’est un non sens puisqu’ils sont nés en France, ont été, ou vont encore à l’école en France, qu’ils ont la nationalité française, je ne vois donc pas ce qu’on leur demande de plus que les autres !! Je ne comprends pas qu’on puisse penser qu’ils refusent de s’intégrer, puisqu’à mon sens, ils sont intégrés d’office !! Ah oui, c’est vrai, leur couleur de peau est différente... ah oui, la culture d’origine de leurs parents est différente... ils ont souvent la chance d’être bilingues, et donc d’avoir des atouts que les autres n’ont pas, du moins si seulement on voulait bien valoriser un peu ces compétences... j’avais oublié ces détails catastrophiques, qui font que quoi qu’il arrive, quelque soient leurs efforts, il semblerait qu’ils ne soient jamais considérés comme Français.
Pour moi, est Française la personne qui a la nationalité française. Après, les gens ont le droit d’être comme ils le veulent, mettre en valeur ou pas leur culture d’origine, s’assimiler s’ils le souhaitent et abandonner totalement leurs anciennes valeurs (mais est-ce possible en effet ? Je ne crois pas), vivre différemment s’ils le souhaitent, du moment qu’ils ne font rien qui va à l’encontre de la loi, et qu’ils respectent les autres. On n’est pas des clones, et je détesterais vivre dans une société qui demande à tous les citoyens d’être des clones rigoureusement identiques, sans particularité. Quel intérêt de devenir comme ça ? Je n’en vois aucun.
Personnellement, puisque vous appelez à des témoignages, je suis née en France, mais issue d’une famille multiculturelle, avec deux parents d’origine étrangère, dont l’un né à l’étranger avec un fort accent et des valeurs différentes, et l’autre c’est moins évident car né en France et totalement assimilé aux yeux de la société, puisque d’origine européenne.
Je n’en ai jamais ressenti le moindre malaise dans le passé puisqu’il n’y a pas de quoi... jusqu’à ce qu’on me fasse comprendre depuis quelques années (j’insiste sur le fait que cela date de quelques années, car j’ai vraiment l’impression que la situation s’est dégradée) que je n’étais pas vraiment-totalement-complètement-authentiquement Française.
Et là, on a deux choix : soit on courbe le dos, et on se fait oublier, on s’excuse de ne pas être comme il faut, on donne raison à ceux qui refusent par principe de vous accepter tel que vous êtes, ou pire qui ont pris la décision de vous détester quoi qu’il arrive, soit en effet on réagit à l’injustice, et on devient, par réaction, encore plus fier de ses origines, parce qu’il n’y a pas de raison que qui que ce soit s’arroge le droit d’essayer de vous rabaisser.
Un jour je discutais avec une femme d’origine Africaine à l’arrêt de bus, on parlait de nos origines respectives. Elle me dit, j’étais estomaquée : « vous avez de la chance, vous au moins ça ne se voit pas ». Cette femme porte sa couleur de peau comme on porte indéfiniment sa croix. Si on en est là en France, c’est minable, on est devenus un pays complètement nul.
Je n’ai aucune religion qui me « permette » d’être intégrée, autrement dit acceptée, quelque part, et en dehors du fait que je me sens multiculturelle à l’intérieur, et je le serai toujours parce que c’est inscrit à jamais dans mon être, dans mon comportement, ma façon d’être, je n’appartiens à aucune communauté qui me donne cette impression d’exister et d’avoir ma place quelque part, d’autant plus que je suis un vrai patchwork d’origines qui fait qu’on ne saurait même pas dans quelle case me classer D’un côté c’est mieux ainsi, je ne voudrais pas m’enfermer dans une communauté, d’un autre j’envie un peu ceux qui ont au moins ces points de repère là, même si finalement ça les met en marge des autres (mais ce n’est vraiment pas de leur faute) Je me sens de moins en moins acceptée, alors qu’avant on ne me demandait rien, tout simplement, et ça m’inquiète.
Je suis d’accord avec votre idée de « racine », et je crois même que l’assimilation totale est impossible. On ne peut pas demander à qui que ce soit d’oublier, de gommer qui il est à l’intérieur, de devenir quelqu’un d’autre, à moins de devenir totalement schizo. Même des enfants nés en France gardent forcément les « traces » de la culture d’origine de leurs parents, c’est inévitable. Je ne comprends pas ce qu’on leur reproche, et je suis persuadée que c’est faux quand on dit que les gens refusent de s’intégrer. Ou alors c’est nouveau, et lié à un ras le bol d’être sans cesse rejeté et regardé de haut. Compréhensible, donc.