Un vigoureux pamphlet dans Le Monde Diplomatique, qui nous en apprend un peu plus sur l’inénarrable Daniel Leconte :
« La Cité du mâle », en effet, consterne par son caractère à la fois grossièrement bâclé, caricatural et malveillant. Les jeunes sont filmés avec un voyeurisme malsain, à grands renforts de plans rapprochés scrutateurs. Le but du jeu semble être de faire dire aux garçons le plus d’horreurs possible sur les femmes, en les désignant à la vindicte générale, voire à la haine, sans proposer d’autre issue que leur diabolisation – comme en témoigne le double sens pour le moins explicite de l’intitulé « La Cité du mâle ». Si des problèmes inhérents à la banlieue apparaissent bien – la sociabilité séparée des garçons et des filles, l’obsession de la réputation, de l’honneur, de la virginité, le repli sur une religion vécue sous sa forme la plus archaïque –, on a du mal à voir en quoi d’autres – l’homophobie, les propos misogynes, le recours à la prostitution, le mépris des femmes à la sexualité trop libre, la difficulté pour les hommes à se montrer sentimentaux – lui seraient spécifiques. Faut-il rappeler que, avant d’être un film de Jean-Paul Lilienfeld dénonçant la violence et le sexisme en banlieue, la « Journée de la jupe » a été une manifestation instaurée en 2006 par des enseignants d’un… lycée agricole breton (6), qui s’étaient rendu compte que les filles ne pouvaient pas y venir en jupe sans se faire insulter ?
Tout en revendiquant une démarche « rien d’autre que journalistique (7) », Daniel Leconte multiplie depuis des années, avec sa maison de production Doc en stock, les émissions lourdement idéologiques, dont la malhonnêteté a plusieurs fois été pointée (8). C’est d’ailleurs peu dire qu’il a des opinions politiques affirmées. Partisan convaincu de la thèse du « choc des civilisations », il fut un collaborateur de feu Le Meilleur des mondes, la revue des néoconservateurs français, et il fait partie, comme le rappelait opportunément Rue89, de ceux qui ont accusé Charles Enderlin, le correspondant de France 2 en Israël, d’avoir « bidonné » les images de la mort du petit Mohammed Al-Dura, au début de la seconde Intifada, en septembre 2000. Dans son introduction, lors de la première diffusion de cette soirée « Théma », le 31 août dernier, il brandissait la fameuse couverture de Time montrant une Afghane au nez et aux oreilles coupés – censément par les talibans (9). Malika Sorel, invitée du débat qui concluait la soirée, regrette d’ailleurs sur son blog que tout ce qui, dans ses interventions, concernait l’oppression des femmes dans des cultures autres que musulmanes ait été coupé au montage… Il est difficile de ne pas voir dans la démarche de Leconte une tentative de plaquer sur la société française le schéma qui prévaut dans les guerres du Proche-Orient – quitte à jeter de l’huile sur le feu. Appliqué à Nabila Laïb, le terme de « fixeur », que le grand public connaît grâce à Hussein Hanoun, le guide de Florence Aubenas pris en otage avec elle en Irak en 2005, est loin d’être innocent : il ne s’employait jusqu’ici que dans les situations de guerre.
Autant dire qu’il y a de quoi douter sérieusement de la sincérité « féministe » à l’œuvre derrière une telle opération. Après visionnage de la première version de cette « Théma », le blog Les Entrailles de mademoiselle s’insurgeait (1er septembre) : « L’émission est assez terrible à regarder, en ce qu’elle pue littéralement la fausse découverte, le faux courage de dire la vérité, suivant la rhétorique sarkozyste du “n’ayons pas peur des mots”, qui ne recouvre qu’une volonté de tordre la pensée, d’utiliser les souffrances, de manipuler. Ces femmes sont littéralement prises pour des objets servant une politique raciste. (…) Que des mecs qui ont passé des décennies à traiter les féministes d’hystériques mal baisées se pointent, la gueule enfarinée, fiers comme des papes, pour se réclamer d’un féminisme dont ils ne connaissent absolument rien, et en tirer toute la gloire d’être, eux, des hommes bien, c’est tout simplement à vomir. »
Que le sexisme ne soit pas l’apanage d’une « culture », Daniel
Leconte lui-même en fournit une assez bonne illustration. Il semble
confondre le féminisme avec une posture de protecteur viril et
légèrement condescendant. Pire : on se souvient en effet d’une émission
qu’il avait produite en 2003, intitulée « Où sont passées les
féministes ? », qui avait suscité un tollé par son accumulation de
clichés imbéciles et désobligeants. « Rarement l’incompétence, la sottise, la flagornerie journalistique et la méchanceté ont été poussés aussi loin », s’indignait alors l’historienne Eliane Viennot dans une lettre ouverte aux responsables d’Arte
http://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2010-10-01-Arte
Autre exemple de désinformation :
Polygamie : le Point en flagrant délit de bidonnage La « femme de polygame » s’appelait Abdel !
04/10 09:15 - ernestop
j’ai vu le reportage hier, je ne partage pas votre point de vue : 1) d’une part (...)
03/10 03:16 - FYI
Vous ne comprenez pas ? Regardez cette petite présentation : http://www.youtube.com/watch?v=A_I99qs
02/10 23:50 - Vent d’est
Ce qui me fait alluciner, c qu’il en a qui arrivent à défendre ces petits machos (...)
02/10 10:51 - Marcel Chapoutier
@halman Pas de bol mon pauv’gars J’Y HABITE, ce qui prouve que c’est toi qui (...)
02/10 09:31 - Fergus
@ Kolymine. Rien ne justifie les coups : nul, homme ou femme, n’est propriétaire de (...)
02/10 08:28 - gf.delhomme
pas sur que les athés soient la première religion de france, je croît plutôt que l’on (...)
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