• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de easy

sur IKEA : le capitalisme sympa


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

easy easy 5 octobre 2010 16:00

Je crois qu’Ariane Walter avait écrit un témoignage vécu chez Ikea et qu’en raison du buzz fait autour de la publication des brillants résultats d’Ikea, Lilian Elbé a eu l’idée de faire un papier (qui n’est que du C/C et ne contient rien qui n’ait été déjà mille fois entendu).
Il n’y a ni malice ni complot de la part de nos deux amis Ikeauteurs, il n’y a que coïncidence.


Moi je vais raconter comment j’ai vécu Ikea en tant que microscopique concurrent. (Tout entrepreneur rêve de réussir comme Ingvar Kamprad)
 
Il avait démarré 20 ans avant moi et j’ai donc pu voir les premiers magasins Ikea alors que je fabriquais mes premiers meubles.

Et c’est là que je me suis lourdement planté puisqu’il montrait clairement une voie nouvelle, que je ne l’ai pas suivi et que je suis un milliard de fois plus misérable que lui.

Pour fabriquer mes meubles, j’ai utilisé exactement les mêmes produits de base que Kamprad. Mais il y avait un blocage dans ma tête. J’étais persuadé que les gens étaient bien trop maladroits pour assembler eux-mêmes les 40 à 100 composant d’un ensemble de cuisine. Maladroits et orgueilleux aussi.
J’étais -inconsciemment- convaincu que personne d’autre que moi ne pouvait correctement assembler un meuble composé de panneaux de particules et que si les autres ne le pouvaient pas c’est parce qu’ils ne le voulaient pas, parce qu’ils refusaient de jouer les manuels.

Dans mon enfance, je n’avais jamais vu de femmes tenir un outil et je n’arrivais pas à croire qu’une femme pouvait ou devait faire autre chose qu’être belle, gracieuse, sent-bon, sans aucune cicatrice, ni pansement ni ongle cassé.

Je me suis archi planté car de nos jours, les Castorama et Leroy Merlin vendent de plus en plus directement à des femmes bricoleuses.

Ce qui est souligné, dans les articles parlant d’Ikea, c’est son idée du meuble à plat (comme Felix Potin avait eu l’idée de préemballer l’épicerie)
Or cette idée du meuble à plat, nous étions très nombreux, nous les menuisiers, à en être convaincus puisque nous livrions nos meubles ainsi rangés à plat dans nos camionnettes. Non, ce n’est pas l’idée du plat qui été géniale -même si c’est Kamprad qui le prétend. Son génie a plutôt été de croire que le consommateur pouvait et voulait s’en démerder de ses kits.
Son génie a été de croire que le consommateur allait accepter de se coltiner le transport et la livraison de son mobilier, y compris à travers les étages de son immeuble (alors que depuis le nuit des temps, le menuisier devait livrer les meubles chez le client). Que le consommateur allait accepter de transpirer, de se taper sur les doigts et de se blesser en montant sa cuisine. Et que ce consommateur allait accepter de refaire la queue, perdre encore 4 h pour réclamer sur un bidule de coulisse qui ne correspond pas.

La question du meuble dans un carton plat, c’est du marketing. C’est précisément ça la présentation d’une évolution sous un angle positif, génial, alors que le véritable génie de Kamprad a été de faire du consommateur un ouvrier non payé de son entreprise.
(Il y a 10 minutes de travail ouvrier par meuble dans ses usines et le consommateur va travailler 1 h à l’assembler)


Punaise, moi j’en étais resté à suer sang et eau pour installer des dressings à des dames de l’Avenue de l’Opéra qui me reprochaient la moindre érafflure pour me piquer 10 % (ou carrément la TVA) et pendant ce temps, Kamprad faisait de la masse des femmes et des hommes qui se voulaient dans le coup, ses besogneux bénévoles et fiers de l’être.

Ake je m’en veux de n’avoir jamais rien compris à ce spectacle où les femmes ne veulent plus faire la cuisine et achètent jusqu’à 3 fois plus cher la laitue lavée ou la pizza congelée mais trouvent normal de jouer les déménageurs, de casser leurs ongles, leur permanente et leur odeur de rose en transportant leur living Ikea et en raccordant le siphon de leur évier.

Il y avait Perrault, Grimm, Andersen qui faisaient des princesses au teint diaphane qui n’en foutaient pas une. Barbie et Disney avaient profité de ce premier courant.

Puis est arrivé Kamprad qui a pris acte de l’aspiration des femmes à s’émanciper de l’aspirateur, à devenir les égales des hommes et il en a fait des ouvrières monteuses de meubles bénévoles (qui estiment lamentable que les salariés d’Ikea soient mal payés et que les ouvrières de Chine ne soient payées que 3 $/j)

Plus fort que Tuperware, Ron Hubard et Avon réunis, il est, Ingvar Kamprad.

Et moi un raté miné par la jalousie.

Bon je vous laisse, j’ai à bosser sur un projet de lave-linge en kit.
Plat, plat, plat, il a dit le maître.
Le tambour sera donc carré mais on dira que c’est plat et efficace comme les battoirs des lavandières. Cette fois, je sens que ça va le faire grave.

A moi les milliaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaards !




Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès