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Commentaire de easy

sur Réchauffement, problème psychiatrique ou climatique ?


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easy easy 11 octobre 2010 22:42

Il y a 30 ans, pendant les 2 ans où j’ai bossé pour le cinéma, je remarquais que le metteur en scène ou le cadreur se plaignait souvent de la présence des antennes de télé. J’étais jeune et j’étais surpris de n’avoir pas été surpris moi-même par l’explosion des rateaux. J’ai réalisé qu’il fallait avoir une préoccupation spéciale pour remarquer ce genre d’évolution ou de changement. 
A la suite de ça, je me suis mis à trouver ces rateaux moches, à regretter les toits de Paris façon gamin ramoneur et de là, je me suis mis à trouver les pylônes THT moches, etc.

Pendant 2 ans, j’ai vécu aux Arcs. Le projectionniste des deux salles (1600 et 1800) s’appelait Patrice Aubertel. Cet ami nous faisait entrer gratos pour voir les films ( dont Apocalypse Now) et il s’est mis à faire quelques petits films (plus tard, il deviendra le camaraman de Ushuaïa). Nous devions jouer les acteurs bénévoles dans ses petits films et là encore, j’ai constaté qu’il avait un mal fou à trouver un angle de vue sans remontées mécaniques dans le champ, sans traînées d’avion dans le ciel, etc.
Là encore, mon regard critique a évolué.


Et puis il y a eu encore Patrick Valençant, Alain Poulain, Hubert de Chevigny (pôle Nord en ULM) , tous ces gens qui, dans le sillage de Cousteau, PEVictor et les Kraft, ont arpenté la Planète avec des moyens de capture d’image rinédits (dont l’Imax des Géodes) et qui ont vu constamment et de plus en plus se poser le problème de l’empreinte trop forte, vertigineusement croissante, de l’activité industrielle. Pierre Dutrievoz, Cecile Pelaudex, Jean-Marc Boivin... tous ceux qui revenaient de l’Hymmalaya me racontaient les tonnes ordures tout au long du chemin.
Il fallait bien cette étape où grâce à des moyens de tournage exceptionnels, chacun de nous pouvait découvrir notre Planète comme jamais il ne pourrait la découvrir seul. Surtout en étant comptable ou pizzaiolo. Il fallait bien cette étape du Monde du Silence pour nous faire aimer la mer (jusque là, il n’y avait qu’Ulysse, les marins pêcheurs, les contrebandiers canadiens, Sisley, Turner et Hemingway qui l’appréciaient.)



Pendant 30 ans, vous avez bandé devant des films de sports extrêmes, vous êtes sortis ivres de joie des Nuits de la Glisse salle Pleyel. Que de beaux spectacles ! Plein les yeux avec Apocalypse Snow !
Ouais, mais au prix de quelles difficultés de cadrage mes amis. Car le paysage pur, tel qu’on le rêve, le paysage de carte postale, celui qui nous a engouffrés dans les charters, ce paysage là devenait chaque jour plus difficile à trouver. On nous a menti pendant 30 ans. Pendant 30 ans, Cousteau a tout fait pour éviter les cadrages qui cassent.

Il y avait quoi, CL Strauss, Jean Malaurie avec Terre Humaine, qui affichaient une mine déconfite, déçue. Mais à part ça, tout ce qui passait à l’image, Géo magazine compris, était épuré par rapport à la réalité. Même la fameuse Afghane aux yeux acier, n’a pas été traduite dans sa réalité, même cette jeune fille très déshéritée avait été esthétisée et nous avons adoré.

Pendant 30 ans on nous a menti et nous avons adoré ce conte de Noël.

Et puis un jour, le même qui vous avait menti en tordant sa caméra constamment, a fini par craquer. Un jour, de retour à Paris après avoir rencontré Théodore Monod dans le désert, N Hulot apprend que ses équipiers avient enterré des ordures dans le sable. Il pique une colère et dépêche une mission pour récupérer ces saletés (je te dis pas le CO² en plus)

Et là, NH vire complètement de bord. Il hurle que trop c’est trop. Evidemment, qu’il se sent coupable de nous avoir incités à passer une semaine au club Med dans un faré construit sur du corail dynamité, évidemment qu’il s’en mord les doigts. Et YAB aussi. Tous regrettent. Tous braquent désormais leur caméra sur ce qu’ils avaient évité de montrer avec tant de contorsions pendant 30 ans.
Mais au-delà de ce qu’on peut leur reprocher, au-delà de ce qu’on peut reprocher à deux types écoeurés, il y a une réalité c’est que nous sommes des millions à avoir violé la Terre, sans le savoir. 
 
Laissons donc ces ex promoteur de la Terre Idéale et inépuisable à leurs ruminations et considérons plutôt notre drame en son entier.

Quelle est la proportion de dégâts, peu importe, ils sont importants et à l’évidence, si ça continue comme ça, plus un seul d’entre nous ne pourra ouvrir de fenêtre sans sentir une sale odeur.
Certes, nous finirons par trouver normal de passer nos vacances à l’ombre d’un tas d’ordures, comme des rats, nous nous habituerons à la saleté. Mais autant ne pas en arriver là en consommant moins (sans attendre de miracles technos qui nous permettraient de remettre ça)


Moi, ce qui m’aurait étonné, c’est que des gens ayant à observer les étoiles ou à écouter l’univers, n’en viennent pas un jour à dire que nous polluons la nuit avec nos éclairages inutiles et que nous émettons bien trop de rayonnements radio.


Moi, ce qui m’aurait étonné, c’est que des gens ayant plus que d’autres besoin de paysages magnifiques à mettre sur pellicule, que des gens passant leurs journées à surfer dans les vagues, ne finissent pas un jour par pousser un coup de gueule.


Là dessus, arrivent les scientifiques. Ils avaient déjà été invités à la fête par PEV, Tazieff, Cousteau... Très nombreux ces scientifiques de la Nature. De plus en plus nombreux les étudiants à SNV Marie-Curie de Jussieu. Bin oui, forcément, quand on est nourri de Cousteau et d’Ushuaïa, on a envie de gagner sa vie le nez dans cette merveilleuse nature, normal non ?
 Je te dis pas le bouchon phénoménal pour chaque poste de bilologiste marin. Ils voulaient câliner les dauphins et se retrouvent à gérer des élevages de saumons ou de crevettes.


Mais ces jeuns scientifiques, quand ils se mettent à leur tour à arpenter la Terre, sans filmer, sans chercher à produire de l’esthétique, bin, il leur arrive trop souvent de devoir écrire dans leurs rapports que ça va mal, très mal, de toutes parts. Ils sont en état de choc les enfants du Grand Bleu


Et ensuite ? bin c’est la claque, la putain de claque qu’on se prend tous. Une claque d’autant plus forte qu’on tombe vraiment de très haut. Et c’est la courbe de deuil que nous devons parcourir : NOOOOOOOOOOONNNNNNNNNNNNN c’est pas possible, c’est pas vraiiiiiiiiiiii ! Nooooooooonnn ; C’est des mensonges !!!

Nous n’avons pas tous le même âge, nous n’avons pas tous le même vécu et pendant que certains finissent leur courbe de deuil en acceptant la réalité, il y en a qui n’en sont encore qu’au refus de voir.



Cela posé, ce que dit notre ami Dugué est sain et indispensable. Il serait très inquiétant qu’à un courant de pensée, il n’y ait pas un contre courant.
Heureusement qu’il y a des climato sceptiques. Il faut vérifier à l’envers, refaire les calculs, en faire de nouvelle manière (et gagner sa vie en s’occupant de ce sujet, evidemment)

La cristallisation des débats pro et anti sur le CO² relève de l’hypercritique : « Si les alarmistes se sont plantés sur le CO², ils sont complètement tort et tout va bien madame la marquise ».
Moi, je pense qu’il faut laisser ce CO² hors des débats d’excités et nous contenter de regarder ce qui ne peut pas se discuter : la saleté, les montagnes d’ordures et de déchets qui encombrent les mers, les rivières et les lacs. Ca c’est clair et indiscutable alors c’est cela qui doit nous réunir. rien que ça. Et régler ou réduire ça, ce sera forcément positif pour le reste, CO² ou pas CO².

D’autre part et c’est surtout ça que nous raconte l’ami Dugué, il y a les délires sectoriels que chacun de nous peut faire. C’est une bonne idée d’en parler. Oui, une société peut partir en live, sur un effet Larsen. L’effet larsen est connu au niveau du son couplé à l’électronique d’amplification mais en fait, au niveau psy, ça existe aussi. Par exemple il y avait eu cet effet pendant l’Inquisition, il y a eu cet effet à l’époque des sorcières (à Salem par exemple), il y a eu cet effet quand la Gestapo paradait dans nos rues, il y a cet effet avec les pédophiles en ce moment. Alors oui, il faut faire attention de ne pas répéter plus fort encore, ce qu’on a déjà entendu mille fois. Les messes hurlantes, ça soude, mais ça désoude aussi.

J’espère que ce que vous venez de lire, vous ne l’avez pas déjà lu mille fois. 


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