• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de Marc P

sur SRU et carte scolaire : des armes pour la République ?


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

Marc P (---.---.232.49) 7 mars 2006 12:40

Comme d’habitude, Anthony, votre réflexion est intéressante et on vous en remercie... votre conclusion sur volonté et moyen n’est pas ce à quoi je souscris le moins...

L’idée de la mixité de l’habitat est bien sûr expérimentée et mise en oeuvre, sans doute très ponctuellement, et très rarement....

En cas d’accélération d’une telle démarche ne devons nous pas craindre qu’un « sauve qui peut » général des plus favorisés les fasse envoyer leurs enfants dans le privé comme l’indique la tendance très grave et peu républicaine actuelle (il n’y a alors même pas de contournement de la carte scolaire)....

Peut être savez vous que dans les années soixante les mêmes cités ghettoïsées étaient habitées également par des cadres et des cadres sup originaires souvent de province...

Un processus identique à celui qu’on a connu pourrait vider en quelques années des quartiers mixisés soit des plus favorisés soit des moins favorisés...

En outre je m’interroge sur les modalités d’une mixités réussie... En effet la mixité doit être intériorisée mentalement, assumée par ceux qui la pratiquent, pour être réussie : on peut être mélangés dans un même immeuble, un même quartier ou une même école tout en « s’ignorant » superbement d’un milieu à l’autre...

Par exemple la désastreuse affaire d’Angers s’est déroulée dans un immeuble appliquant cette mixité... Je me demande chaque jour si sans la mixité elle aurait pris cette ampleur ou seulement existé... Je m’explique : lorsque des personnes défavorisées et fragiles (RMI, analphabetes...) constituent un petit groupe au milieu de personnes de la classe moyenne (profs, artistes..)ils n’en subissent pas le « contrôle social » (celui qui fait qu’on porte des vêtements décents ou qu’on s’exprime correctement pour ne pas trop se démarquer de la norme ambiante) entre autres du fait de l’absence d’échanges entre eux à part un vague bonjour et encore... La réciproque est vraie, des gens plus aisés peuvent avoir des comportements brutaux ne tenant pas compte de la proximité d’un entourage fragile et défavorisé... Je suis d’accord que cette affaire terrible est une situation extrême mais elle explique certaines modalités possible d’une mixité à marche forcée... Lorsqu’on interrogeait les voisins sur les raisons de l’absence d’échanges, ils répondaient : « mais ce sont des cas soc ».. ou encore, « de toutes façon l’assistante sociale vient les voir chaque semaine... ».

Donc revoir le SRU et la carte scolaire, cela se fera à n en pas douter...

Mais s’intéresser les uns aux autres ce qui par exemple aurait épargné beaucoup de vie en 2003 (canicule)suppose qu’on s’intéresse et qu’on s’attaque aux fameux plafonds de verre, celui qui interdit à quelqu’un de quitter sa strate d’appartenance par le haut, ou encore la pratique d’évitement lorsqu’on s’est « élevé » qui fait qu’on fuit les individus et les groupes de strates moins élevées par crainte de « déclassemnt » (forme d’intouchabilité toute relative mais aux conséquences que l’on sait).

Enfin nous somme tous plus ou moins prisonniers de nos représentations (identification)des autres de nous mêmes et de la réalité. Ces représentations sont extrêmement entretenues et renforcées par ce que déversent les médias.... TF1 semble enfin s’en être avisé ce jour même avec ce journaliste Martiniquais ; en GB, c est fait depuis presque 30 ans..), et le ministre de la culture gb est noir comme de l’ébène.

Ce que les français ne savent pas ’cest que leur société est une des plus stratifiés et hiérachiques dans le monde occidental.... cela est favorisé également par le vouvoiement autrefois marque de respect, aujourd hui utilisé pour maintenir une distance « respectable » ou de sécurité... (pas seulement en France).

Je crains que les différents niveaux de langues stigmatisants y contribuent (sans oublier une orthographe difficile à souhait)... L’élitisme à la française bénéficie et entretient ces sectarismes (sauf quand ça brûle dans les cités par exemple)..

Dans « le Monde » récemment des jeunes étrangers s’étonnaient de n’avoir jamais rencontré leurs chefs de service...

D’autres expliquaient qu’en france des négociations commerciales par exemple peuvent se dérouler en l’absence des personnes qui décident in fine... (encore cette marque d’arrogance).

Il est déconseillé aux étrangers (américains travaillant en France en l’occurence) de s’adresser à un supérieur non immédiat) ce dont ils s’étonnent bien sûr....

La société Française même Républicaine aime trier, aime l’homogénéité (assimilation)... chaque strate pratique l’entre soi

Enfin et j’arrêterai de vous ennuyer... la pauvreté n’est pas vécue aujourd’hui comme il y a 40 ou 50 ans...

Lorsqu’on est 20% de pauvres, entourés d’autres gens comme nous, que les plus riches n’ont pas forcément de voiture ou la télé (les 2 critères de l’époque), et que la télé n’est pas là pour nous permettre de mesurer les différences en mettant sans cesse le doigt dessus), on se sent « comme tout le monde » et le monde des gens aisés est celui du rêve...

Aujourd’hui tout semble à portée de main même si on n en a pas les moyens, comme dans un hypermarché... ce qui je pense accentue une souffrance déjà bien légitime... Bon débat. Cordialement

Marc P

PS :« Le Ghetto Français » de Maurin souvent cité résume bien le constat...


Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès