L’Etat providence (duquel je suis si redevable) a encore de beaux jours devant lui, j’ai un avis contraire de ce qui est exprimé ici. On voit dans les projets de réduction des déficits publics en Europe qu’il s’agit plus d’un rabotage que d’un vrai démantèlement. En France, le RSA n’est pas touché, pareil pour les allocations chômage pour le moment.
Il est en fait très peu probable que l’on sorte de la logique actuelle, qui est de tacitement garantir la survie à à peu près tout le monde, à part un tout petit nombre de sans abri (mais des processus de désocialisation extrême jouent un rôle majeur).
Il y a bien une logique derrière, celle de la fin de la production, au profit d’un autre modèle, où le travail, paradoxalement plus présent que jamais omniprésent dans les consciences, n’est plus guère que le « principe fantastique de réalité » de la société. Ce qui importe vraiment dans cette optique n’est pas vraiment la fonction productive des personnes, mais la fonction de fixation dans un rôle, comme terme relié aux autres dans un code gigantesque. En ce sens, il ne faut pas craindre que le réseau laisse complètement tomber les individus, ils doivent y avoir une place, infime certes, parfois à la limite de la survie, mais une place reliée aux autres dans tout un jeu d’échange de signes et de fonctions.