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Accueil du site > Actualités > Politique > Les funérailles de l’Etat-Providence

Les funérailles de l’Etat-Providence

Après l’essor de l’Etat-Providence, pendant la seconde moitié du XXe siècle, il est temps, pour les libéraux, de reprendre la main. Tout ce qui est de l’ordre des solidarités doit être réduit au strict minimum. Et ce sont les plus faibles qui font et feront les frais de cette politique.

 La déferlante néolibérale a convaincu l’opinion que les seuls critères en matière de réussite étaient l’accès aux responsabilités et la possession de biens matériels. Les héros des dernières années ont été les bénéficiaires de parachutes dorés, les top-modèles et les footballeurs aux gros transferts. Les artistes, les chercheurs, les romanciers, les prix Nobel français même, restent largement des anonymes. Penser la société autrement qu’en termes de compétition et de marché est étranger à la pensée libérale. Que le tissu social soit fait de compétences inégales qui rendent les acteurs solidaires n’est pas le souci de ces hommes qui se pensent en self-made-men et qui sont persuadés de n’occuper leurs places que grâce à leurs seuls talents.

 Dans ces conditions le rôle de l’état n’est pas de corriger des inégalités. Au contraire, les inégalités stimulent et elles sont un élément de compétitivité. La peur de la régression et le désir d’ascension sociale sont les moteurs du « travailler plus ». Sans avoir sous les yeux les damnés de l’exclusion, le rêve d’accéder au paradis des millionnaires n’a pas de sens.

 Dans cette perspective, le rôle de l’état est forcément limité. Il reste borné aux fonctions « régaliennes ». Les solidarités qui se concrétisent par des systèmes d’enseignement, de santé, de retraites, d’indemnités chômage et de Sécurité Sociale, sont des obstacles au bon fonctionnement de l’économie libérale . Les prélèvements obligatoires les rendent coûteux, et à ce titre, ils entravent le jeu de la concurrence.

 Pour convaincre les citoyens du bien-fondé de cette politique, il convient de les opposer les uns aux autres. Et c’est ce à quoi s’est employé Nicolas Sarkozy depuis son arrivée au pouvoir. Bénéficiaires d’aides sociales contre non bénéficiaires, retraités contre actifs, actifs jeunes contre actifs plus âgés, fonctionnaires contre travailleurs du secteur privé, Français d’origine étrangère contre Français d’origine, et on peut y ajouter des catégories particulières vouées aux gémonies comme les journalistes ou les enseignants du supérieur.

 Le succès de l’UMP en 2007 est dû largement à un tour de passe-passe de cet ordre. Par le formule « travailler plus pour gagner plus », le magicien avait fait croire aux catégories modestes que ceux qui étaient responsables de leurs difficultés c’était les fonctionnaires (réputés trop nombreux et peu zélés), les pauvres aidés (réputés paresseux ou tricheurs) et les immigrés (je vous laisse le choix des épithètes). En promettant de réduire les effectifs des premiers, de contrôler les seconds et de limiter l’immigration, l’illusionniste avait obtenu les suffrages populaires qui lui étaient indispensables.

  Le discours néolibéral ne date pas cependant de l’élection de Nicolas Sarkozy. Il s’est exprimé dès l’arrivée de Jacques Chirac à la tête de l’Etat. Son application « décomplexée » a été retardée par le mouvement social contre le plan Juppé en 1995, suivi de la cohabitation.

 Dès la présidence de Chirac, la logique purement gestionnaire a remplacé la nécessité de la lutte contre l’échec scolaire dans l’Education Nationale. Et en amplifiant aujourd’hui la suppression de postes, toute velléité d’innover dans le sens d’une meilleure efficacité de l’institution se trouve ruinée. Le même souci comptable s’est imposé dans tous les autres ministères. Vouloir modifier les habitudes du service public en l’étouffant par la rigueur, c’est décourager par avance toutes les volontés novatrices.

  La réécriture du Code du Travail est allée dans le même sens. Pour convaincre, l’argument a été martelé : les réformes se font « dans un souci de simplification ». Il y a là une tautologie : quand on élague le droit (il faut se demander au profit de qui), on simplifie, forcément. L’argument de la réforme et de la modernisation n’est en fait qu’un gigantesque retour en arrière au détriment des plus faibles.

 Car, tant pis pour les élèves fragiles, tant pis pour les futurs retraités aux modestes salaires, tant pis pour les services publics, tant pis pour les justiciables, tant pis pour les handicapés et les personnes dépendantes, tant pis pour les régions excentrées par rapport aux pôles de développement…ou plutôt les élèves qui ont des parents qui en ont les moyens pourront toujours bénéficier d’une école privée et/ou d’un soutien scolaire adapté, les futurs retraités prévoyants qui en ont les moyens pourront toujours capitaliser, les patients qui en ont les moyens pourront recourir à la médecine libérale et aux cliniques privées, les justiciables aisés pourront aisément se déplacer… et enterrée la politique d’aménagement du territoire ! Pire, les Collectivités Territoriales sont mises au pas pour les empêcher de tomber dans des« dérives budgétaires ». De quoi sérieusement limiter les initiatives des Régions ou des Départements en faveur de politiques sociales.

  La logique n’épargne aucun secteur de l’économie et de la société. Elle vise à progressivement liquider, non pas simplement les réformes adoptées pendant les passages de la gauche au pouvoir depuis 1981 (loi des 35heures, droit à la retraite à 60ans) mais aussi un pan entier du pacte républicain conclu à la Libération.

 Rappeler les nouveaux droits constitutionnels adoptés en 1946, c’est se rendre compte combien ils sont aujourd’hui malmenés. L’égalité hommes/femmes, le droit à la santé, le droit d’asile, le droit d’obtenir un emploi, le droit de grève, l’égal accès à l’instruction…rien n’échappe à la broyeuse néo-libérale et à sa volonté de mettre en pièces les solidarités.

 Parcourir le Projet Pluriannuel des Dépenses de l’Etat 2011 à 2013 publié par Bercy est tout aussi éloquent. On peut en retenir que l’Etat, sous prétexte d’économies budgétaires a décidé de se désengager dans de très nombreux secteurs. Seul le ministère de la justice bénéficie de créations d’emplois nettes, essentiellement en faveur de l’administration pénitentiaire. Partout ailleurs, la règle du remplacement d’un fonctionnaire sur deux sera appliquée. A cela s’ajoutent des mesures qui aboutiront à fermer des hôpitaux, à geler le nombre de places dans les centres d’hébergement sociaux, à limiter la construction de logements sociaux…Et si, pendant la même période, le Projet des Dépenses de l’Etat prévoit un doublement des bénéficiaires du RSA , ce n’est pas par générosité.

  Il faut partout rogner les dépenses : "le pouvoir d’achat de l’Etat connaîtra une baisse sur les trois années de programmation et ce dès 2011" peut-on lire dans le rapport rédigé par les services de M Baroin. Le projet, écrit ensuite sans rire le rapporteur, "est équitable".

   Il s’agit de "recentrer l’état sur son coeur de métier". Certes, toutes les lois sociales ne seront pas abolies. Les congés payés jouent un rôle trop important dans l’économie des loisirs pour qu’ils soient remis an cause. Mais l’ambition sarkozienne est bien de cantonner le rôle de l’état à celui d’état-gendarme.

  Tout ce qui est de l’ordre strict des solidarités doit être réduit au minimum. Après avoir répété à satiété que l’Etat-Providence était malade, sous prétexte de le maintenir en vie, le pouvoir actuel prépare ses funérailles.


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35 réactions à cet article    


  • foufouille foufouille 20 octobre 2010 11:08

    a paris, des faux maifestants ont ete vu descendant de plusieurs cars de flics


    • zelectron zelectron 20 octobre 2010 12:18

      Élus (toutes tendances confondues) et hauts fonctionnaires en ont bien profité de cet état-providence et se sont servis copieusement : les premiers ! le reste pour le bas peuple, c’est pourquoi les manifestations qui se cristallisent sur la retraite se trompent de cibles et de réclamations. Cependant le gouvernement d’aujourd’hui ne fait que précéder le suivant quelle que soit sa couleur qui sera aussi lâche...


      • Denidid Denidid 20 octobre 2010 15:14

        @zelectron

        la prévarication est une perversion de tous les systèmes politiques qui se puissent imaginer. Elle est particulièrement scandaleuse dans le cas d’une démocratie parlementaire. Mais cela n’a rien à voir avec l’Etat-providence.

      • zelectron zelectron 20 octobre 2010 16:28

        J’entends bien, mais si les sommes récoltées à ce titre pour cet usage n’étaient pas si conséquentes certains appétits (tentations) n’existeraient pas (j’oubliais les fraudes ...en plus de toute cette déliquescence)


      • paul 20 octobre 2010 13:01

        Le terme « État providence » me parait mal choisi . Il est employé souvent par la droite pour que l’État soit comparé au père Noël qui distribue des prestations sociales comme des cadeaux .
        C’est la rhétorique « Fillon » selon laquelle la France vit au-dessus de ses moyens .



          • Denidid Denidid 20 octobre 2010 13:22

            bon, je croyais que la définition du terme « Etat-providence » , « wellfare state » au RU , était claire pour tout le monde. Le terme a été forgé sous le Second Empire par des républicains français qui critiquaient la philosophie trop individualiste de certaines lois (comme la loi Le Chapelier qui interdisait les syndicats), et préconisaient un « État social » se préoccupant de l’intérêt de chaque citoyen et de l’intérêt géneral. L’expression est technique (elle désigne un certain choix dans la redistribution sociale) et elle est n’est ni de droite ni de gauche. Bien sûr on peut mettre de l’idéologie partout, ça évite de réfléchir.



            • Francis, agnotologue JL 20 octobre 2010 13:38

              “« l’altruisme, est la position éthique la plus immorale qui soit. L’altruisme conçoit l’individu comme une bête sacrificielle, n’ayant aucune valeur en soi. L’altruisme est en fait un collectivisme : un principe d’organisation sociale niant la liberté et l’indépendance individuelle. » (Ayn Rand)

              Au fond, c’est le corollaire du pricipe « Greed is good ».

              Ayn Ryand est la « tête pensante » du Tea-bone party.


               


            • Denidid Denidid 20 octobre 2010 16:06

              @Amaury Watremez

              altruistes ou pas, nous contribuons l’un et l’autre à l’Etat-providence en tant que contribuables.

              • Francis, agnotologue JL 20 octobre 2010 16:12

                Bonjour Denidid, effectivement, je suis fier de payer mes impôts, même si, je le déplore, trop d’argent du Trésor public est utilisé en dépit des règles de l’altruisme, c’est peu de le dire : je pense au bouclier fiscal, aux exonérations des amis du pouvoir, et aux subventions assorties de promesses occultes de probables rétrocommissions et retours d’ascenseur.

                amaury watremez me colle aux basques comme un étron sur lequel j’aurais marché, mais à la différence que, sur celui-là j’ai marché volontairement. A bon entendeur ...


              • Denidid Denidid 20 octobre 2010 16:40

                merci JL pour votre conseil ; vous avancez des faits, qui deviennent des arguments. Et j’attends de ceux qui sont intéressés ou interpellés par mon article des faits, qui infirment ou confirment mon opinion. J’avoue que la réflexion d’AW est aussi pathétique que « la France il faut l’aimer ou la quitter » de NS, non du FN...maintenant je confonds



                • Francis, agnotologue JL 20 octobre 2010 17:16

                  Denidid, ces réflexions seraient pathétiques si elles n’étaient redoutables. Effectivement, on en vient à confondre NS et Le FN ? Quant à AW qui se défausse de toute appartenance politique quelconque, ce doit être un égaré, dans tous les sens du terme.


                • Peretz Peretz 20 octobre 2010 17:40

                  Le mot providence a évidemment été accolé aux aides sociales pour le dénigrer. Bien entendu sans ces aides et sans les fonctionnaires qui ont continué à etre payés la crise en France aurait été encore plus violente. Laissons les aigris et les jaloux croire que c’est une erreur dont il faudrait se débarrasser. C’est tout le contraire. Il suffit d’avoir un peu de notion d’Economie pour le comprendre. Article de bon sens.www.citoyenreferent.fr


                • jesuisunhommelibre jesuisunhommelibre 20 octobre 2010 20:28

                  L’état n’est pas un être humain, il n’a donc aucune émotion, aucun sentiment. L’état n’est qu’une organisation.

                  La solidarité, la compassion sont des valeurs humaines, des sentiments. Il ne peuvent exister que s’il sont exprimer par des être libres. La solidarité imposé n’est qu’une escroquerie mentale qui sert à spolier A au profit de B, en faisant croire qu’on l’impose pour les besoins de C.

                  Pensez-vous vraiment que les 15000 hauts fonctionnaires, qui décident réellement de la politique en France, quelque soit le gouvernement en place, soient dans le besoins, avec leur salaires à plus de 6000 euros par mois ?

                  La lecture de ce texte « l’Etat » de Frédéric Bastiat, écrit en 1848 me semble suffisamment clair pour n’avoir pas besoin d’en dire plus.

                  Bonne lecture.


                  • Jowurz 24 octobre 2010 18:16

                    L’homme libre qui commence par je suis est-il shakespearien ou pascalien ?

                    L’état n’est pas un être humain c’est une organisation...

                    Oui mais une organisation issue d’une constitution qui l’encadre. Je vous engage à relire la définition de la république à l’article 1 de celle-ci : elle est sociale. A l’occasion parcourez la déclaration des droits de l’homme et du citoyen, l’alinéa 12 du préambule de la constitution de 1946, enfin l’article 11 et 34 de la constitution elle-même. ils vous convaincront que la politique sociale est une des missions de l’Etat ou plus exactement du Gouvernement.

                    Il ne s’agit donc plus que de s’entendre sur la signification de politique sociale. S’agit dit-il de gérer les rapports de classes ou les conditions matérielles des travailleurs voire les deux ? 

                    La solidarité imposée est le résultat d’une règle de l’organisation, bonne ou mauvaise, de la société humaine.

                    L’article XIII de la Déclaration de 1789, qui fait de l’homme un citoyen, répartit la charge fiscale républicaine de chacun selon ses facultés c’est la première pierre d’un ordre social. Il n’est pas aussi simple de déclarer que l’organisation de l’Etat est neutre de toute valeur humaine.

                      


                  • jesuisunhommelibre jesuisunhommelibre 26 octobre 2010 17:54

                    @ Jowurz

                    De valeurs, oui, pas de sentiments.


                  • Denidid Denidid 20 octobre 2010 21:23

                    @Par jesuisunhommelibre

                    Je crois qu’il y a là une confusion entre l’appareil d’état et le rôle redistributif qu’il peut jouer. Ce second aspect s’appuie sur la fiscalité (socialement plus ou moins juste) et des lois sociales prises en faveur des personnes considérées comme fragiles. L’Etat, sans préjuger des privilèges qu’il peut accorder à ses meilleurs serviteurs, joue financièrement un rôle de vase communiquant : il prend à certains pour redonner à d’autres (parfois les mêmes). C’est d’ailleurs son rôle essentiel, un état comme le nôtre est très peu investisseur.
                    Ce rôle redistributif peut être quasiment nul, c’est le cas de la France jusqu’au début de la IIIe République, ou il peut être considérable, c’était le cas de la Suède jusqu’à la fin du XXe siècle.
                    Ces politiques plus ou moins redistributives résultent des choix faits les hommes qui sont au pouvoir.
                    Régulièrement cité par Ronald Reagan et Margaret Thatcher, Bastiat inspire toujours la droite américaine. Il pourrait être une des sources de la politque de Nicolas Sarkozy. Par souci d’équilibre je vous conseille les oeuvres complètes de Proud’hon.
                    Bonne lecture.


                    • jesuisunhommelibre jesuisunhommelibre 21 octobre 2010 00:19

                      Vous avez raison concernant Proudhon. Voici d’ailleurs quelques citations de cet auteur :

                      « Le gouvernement de l’homme par l’homme, c’est la servitude. »
                      « Say est un génie »
                      « Voilà donc tout mon système : liberté de conscience, liberté de la presse, liberté du travail, liberté de l’enseignement, libre concurrence, libre disposition des fruits de son travail, liberté à l’infini, liberté absolue, liberté partout est toujours ! C’est le système de 1789 et 1793 ; le système de Quesnay, de Turgot, de Jean-Baptiste Say (...) La liberté, donc, rien de plus, rien de moins. Le « laisser-faire, laissez-passer » dans l’acception la plus littérale et la plus large ; conséquemment, la propriété, en tant qu’elle découle légitimement de cette liberté : voilà mon principe. Pas d’autre solidarité entre les citoyens que celle des accidents de force majeure (...) C’est la foi de Franklin, Washington, Lafayette, de Mirabeau, de Casimir Périer, d’Odilon Barrot, de Thiers... »

                      Je n’ai rien à retirer !


                      • Denidid Denidid 21 octobre 2010 11:17

                        La pensée de Proud’hon ne peut s’arrêter là ; Elle est beaucoup plus complexe. Et elle est même contradictoire. Elle l’est d’autant plus qu’il s’attache à montrer que l’économie est fondée sur des contradictions internes.
                        Mais l’opposer à Bastiat était de bonne guerre.

                        Même si une législation sociale se met en place à la fin du XIXe (Bismarck), l’ampleur de l’Etat-providence s’explique davantage par le traumatisme né des crises et des guerres du XXe siècle que par les réflexions théoriques du XIXe. Quand la génération de la Résistance accède aux responsabiltés , elle s’est interrogée sur les causes du cataclysme et de l’horreur, et sur les moyens d’empêcher leur retour . La réponse a été la nécessité d’une société plus juste et plus solidaire. Mais on peut oublier les leçons de l’Histoire.


                      • jesuisunhommelibre jesuisunhommelibre 26 octobre 2010 17:58

                        Proudhon, comme tout homme normalement constitué, a évolué dans sa pensée. Et de son provocant « La propriété, c’est le vol » de ses débuts, il s’est fortement rapproché de son antagoniste que fut d’abord Bastiat. Leur polémique a été fructueuse pour lui. Ce qui prouve, s’il était besoin, que c’est un être intelligent.


                      • Denidid Denidid 27 octobre 2010 07:41

                        effectivement, savoir remettre en cause ses propres convictions est une preuve d’intelligence.


                      • nataraja 21 octobre 2010 00:47

                        c est aussi que la demographie explose , quand on etait 40 millions d habitants avec un société coherente socialement et ethniquement c etait plus facile d etre solidaire , aujourd hui faudrait donner plus de la moitié de son temps et de son fric a un Etat incompetent pour regler les problemes d une société qu on ne comprend plus 


                        • Waldgänger 24 octobre 2010 13:52

                          L’Etat providence (duquel je suis si redevable) a encore de beaux jours devant lui, j’ai un avis contraire de ce qui est exprimé ici. On voit dans les projets de réduction des déficits publics en Europe qu’il s’agit plus d’un rabotage que d’un vrai démantèlement. En France, le RSA n’est pas touché, pareil pour les allocations chômage pour le moment. 

                          Il est en fait très peu probable que l’on sorte de la logique actuelle, qui est de tacitement garantir la survie à à peu près tout le monde, à part un tout petit nombre de sans abri (mais des processus de désocialisation extrême jouent un rôle majeur).

                          Il y a bien une logique derrière, celle de la fin de la production, au profit d’un autre modèle, où le travail, paradoxalement plus présent que jamais omniprésent dans les consciences, n’est plus guère que le « principe fantastique de réalité » de la société. Ce qui importe vraiment dans cette optique n’est pas vraiment la fonction productive des personnes, mais la fonction de fixation dans un rôle, comme terme relié aux autres dans un code gigantesque. En ce sens, il ne faut pas craindre que le réseau laisse complètement tomber les individus, ils doivent y avoir une place, infime certes, parfois à la limite de la survie, mais une place reliée aux autres dans tout un jeu d’échange de signes et de fonctions.


                          • Le péripate Le péripate 24 octobre 2010 14:19

                            Le travail, principe fantastique de réalité de la société.

                             smiley

                            Ca ne doit pas trop fatiguer, un principe fantastique de réalité.

                             smiley


                          • Waldgänger 24 octobre 2010 15:07

                            Mais c’est tout à fait ça, c’est tout à fait mon expérience du travail dans le privé, aucune exigence de productivité ou presque, seulement des moulinets et des grands discours. T’inquiètes pas mon grand, de la glandouille au boulot, je m’en suis payé une bonne tranche, tant que je me tenais à carreau, comme beaucoup. En plus, le principe de Dilbert fait beaucoup pour la tranquillité, quand le salarié de base en sait deux fois plus long que le sous chef. 

                            Les vieilles lunes libéralo-marxistes productivistes, je les garderai bien, mais bon, je ne suis pas de ces vieux shnocks qui s’accrochent poussivement à des idéologies à ce point déconnectées du réel, pas comme certains.

                            Et je te le rends bien, ton bras d’honneur, mais moi, je ne suis pas vulgaire au point de l’arborer comme avatar, faut dire que l’on a pas les mêmes raisons de trainer ici. Il y en a qui viennent pour une seule chose et annoncent directement la couleur.

                            Qu’à cela ne tienne, une petite image pour rattraper. smiley

                            Si par malchance tu as l’impression de travailler, j’aurai une pensée pour toi au bureau demain. smiley

                          • Le péripate Le péripate 24 octobre 2010 16:44

                            Quelle agressivité ! Ca sent le profond refoulé, tout ça.

                            Bon, oui, j’ai l’impression de travailler, en effet.

                            Mais pas seulement. Visiblement, je suis utile, ce qui est loin d’être votre cas, vous qui prononcez privé du bout des lèvres, comme si vous vous salissiez.

                            Retournez vite chez maman à l’abri de théories sociologiques vaseuses. Le travail principe fantastique de réalité.

                            Très bon ça. smiley


                          • Jo Gurmall de Stafferla Jo Gurmall de Stafferla 24 octobre 2010 15:40

                            L’Etat Providence existe toujours, mais les « bonbons » qu’il distribue (selon l’expression que les Américains avaient employée) sont de nature différente : narcose télévisée, incitation au consumérisme, hypnose de discours prometteurs et sécuritaires, rêve de fortunes faciles, frayeurs programmées de H5N1 et de C0² sournois etc.
                            Une bonne pilule de narcotique, et au lit !


                            • Marc Bruxman 24 octobre 2010 16:10

                              On espére bien en tout cas être bientôt débarassé de l’état providence. Rien que la supression des CAFs et de leurs allocations diverses feraient gagner plein de thunes chaque mois sur la fiche de paie de ceux qui bossent. Et comme un paquet de fainéants se remettraient directement à chercher du boulot et à accepter ce qu’on leur propose (cf récent prix nobel), cela serait au final bon pour les cotisations. 


                              C’est con, mais il faut penser qu’entre les charges salariales et patronales, l’état vous prend la moitié de vos revenus pour les redistribuer chaque mois. Avez vous l’impression de récupérer cette moitié que l’état vous prend sous forme de services ? Non ! Parce que l’état les reverse à des gens qui sont inutiles à la société. 

                              Vous dites que le modèle libéral ne prend pas en compte que la société est constitué d’une variété de compétences qui sont chacunes nécéssaires, mais le RMIste n’est pas une compétence pour la société, c’est un poids. Et ce poids n’en finit de grandir. 

                              Alors oui que les funérailles de l’état providence arrivent et le plus vite possible. Mais allez en asie et vous comprendrez. La bas, les gens s’enrichissent, ils étaient pauvres, ils deviennent riches. Ils n’ont pas de politique sociale. Pendant ce temps,avec nos bétises sociales, on s’appauvrit. Peut être que le chacun sa merde n’est pas la meilleure solution, mais elle a été prouvée comme meilleure que « la merde de chaque Français est aussi la mienne ». Forcément au bout d’un moment, ca finit par puer. 





                              • Marc Bruxman 24 octobre 2010 16:12

                                Un dernier point, la société n’a pas de réponse à la question : « que va t’on faire de tous ceux que l’évolution technique rend inutile ». On a donc deux choix. Le premier est de faire porter ce fardeau y compris à ceux qui seront restés productifs et de sombrer, le second est de laisser les autres trouver la solution à leurs problèmes ce qui permettra à la société dans son ensemble de surnager. 


                                • Jowurz 24 octobre 2010 18:24

                                  Bonsoir denidid,

                                  L’ idée exprimée est ausi claire que l’excellence de votre analyse. Votre conclusion rejoint celle de nombreux Francais dont je fais partie.
                                  Je vous remercie de cet article qui met les choses au point.


                                  • Denidid Denidid 24 octobre 2010 23:07

                                    merci à tous ceux qui ont apporté de nouveaux arguments en faveur de la défense d’un Etat social ; quant à ceux qui pensent que payer des gamines 40cts de l’heure comme en Indonésie pour fabriquer des produits Nike...


                                  • jesuisunhommelibre jesuisunhommelibre 26 octobre 2010 18:01

                                    Je préfère que cette gamine soit payé 40cts, plutôt qu’elle crève sur l’autel de nos petits « avantages acquis »


                                  • Denidid Denidid 24 octobre 2010 19:30


                                    il y a une part de provocation dans le titre, car l’Etat-Providence, comme le disent justement Waldgänger et Jo Gurmall de Stafferla existe toujours.
                                    La provoc est allée au-delà de mes espérances. En ce qui concernent les arguments hostiles : solliciter Frédéric Bastiat, un des maîtres à penser de Reagan et de M Thatcher, pour m’expliquer ce que devrait être le rôle de l’Etat m’a comblé ; et la réaction poujadiste de l’avant-dernier intervenant m’a aussi fait plaisir. Comment s’étonner du nombre de grèves et de mouvement sociaux dans ce pays quand on voit le mépris de justice sociale dont fait preuve la bourgeoisie de ce pays ? ça dure depuis deux siècles.

                                    • Waldgänger 25 octobre 2010 13:07

                                      En effet, lire les réactions était intéressant. Certaines choses écrites m’ont à titre personnel plongé dans pas mal de perplexité, car j’ai lu très attentivement le fil de commentaires. Vraiment des réactions violentes, et dont je trouve certains passages précis très étranges.


                                    • patdu49 patdu49 25 octobre 2010 05:17

                                      Les Représentants du Peuple Français, constitués en Assemblée nationale, considérant que l’ignorance, l’oubli ou le mépris des droits de l’homme sont les seules causes des malheurs publics et de la corruption des Gouvernements, ont résolu d’exposer, dans une Déclaration solennelle, les droits naturels, inaliénables et sacrés de l’homme.
                                       
                                       
                                      La Nation assure à l’individu et à la famille les conditions nécessaires à leur développement. 
                                      Elle garantit à tous, notamment à l’enfant, à la mère et aux vieux travailleurs, la protection de la santé, la sécurité matérielle, le repos et les loisirs. Tout être humain qui, en raison de son âge, de son état physique ou mental, de la situation économique, se trouve dans l’incapacité de travailler a le droit d’obtenir de la collectivité des moyens convenables d’existence.
                                       
                                      LA FRANCE NE RESPECTE MEME PAS le PRÉAMBULE DE LA CONSTITUTION DU 27 OCTOBRE 1946.
                                       
                                      puisqu’elle laisse des jeune de moins de 25 ans à la rue, sans droit à RIEN.
                                       
                                      elle ne respecte même dailleur pas du tout, ce préambule pour bien + de monde, vu que les minimas sociaux n’assurent pas des moyens convenables d’existence, en etant carrement 2 FOIS sous les seuils de pauvreté !!! 
                                       
                                      NON LA FRANCE FAIT DE LA REPRESSION sur CES MEMES PERSONNES à qui elle n’assure pas des moyens d’existences convenables !!
                                       
                                      moi les dirigeants qui ne respectent pas les droits de l’homme, j’en veux pas pour mon pays.
                                      mon Pays est occupé depuis trop longtemps par des corrompus inhumains. 
                                       
                                       

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