Bonjour, Jack.
Rapportés aux affaires judiciaires, je vous avoue ne pas trop savoir comment réagir à vos propos. Oui, la plupart des gens, et sans doute moi également, sont à des degrés divers plus ou moins formatés par leur culture, leur formation, le milieu dans lequel ils vivent, les pressions sociales informelles qui s’exercent sur eux sans qu’ils en aient réellement conscience. Tout cela fait des juges forcément imparfaits car soumis à des règles de fonctionnement psychologique qui s’imposent à eux plus sûrement que le Code de procédure pénale. Oui, le recul est nécessaire et tout doit être fait pour l’encourager, pour le susciter, pour le rendre incontournable. Mais notre société est ainsi faite que c’est en général une vie plus étriquée et par là même porteuse d’une vision elle-même étriquée des choses et des hommes qui s’impose dans la plupart des cas. C’est ainsi, pour rester dans le cadre judiciaire, que l’on découvre avec horreur des Burgaud, par chance rares dans la profession quoi que l’on en dise. Il existe même des magistrats qui sont tellement conscients de cela qu’ils s’astreignent, à travers le sport ou les arts par exemple, à s’aérer l’esprit, à se détacher de la sécheresse du carcan judiciaire pour mieux trouver les angles de vue susceptibles de garantir le recul indispensable à la bonne prise de décision.
Ces réflexions rejoignent celle que vous faites sur les créatifs, forcément solitaires lorsqu’ils se lancent, d’instinct, dans une démarche innovante. Cela vaut pour les artistes, en effet, comme pour les scientifiques, y compris ceux qui travaillent en équipe. Il faudra que nous en parlions, ma belle-fille et moi (elle est biologiste à Pasteur)...
Je prends note avec plaisir de votre invitation à échanger, le cas échéant, des idées dans votre Valais. La région est superbe, encore que je n’en connaisse qu’une modeste partie, du côté d’Evolène, Saas-Fee ou Zermatt. Et puis j’adore la croûte valaisanne arrosée d’un bon Fendant ou, pourquoi pas, d’un Aigle ou d’un Dézaley.
La réciproque est vraie : si vous décidez, un jour, de passer, par la Bretagne, je serais ravi de discuter avec vous de tout et de rien, ce sujet étant à l’évidence le meilleur que l’on puisse aborder car inépuisable.
Amicalement vôtre.